Tiens, voilà du Bouddha

par Jean Rebuffat pour "Entre les lignes", le 23 septembre 2023

Je n’aime pas trop les religions. Je conçois certes assez aisément qu’elles peuvent répondre à certains besoins de l’être humain. Jacques Monod, qui était athée, pensait que l’angoisse existentielle est inhérente à celui-ci et donc probablement inscrite dans ses gènes.

Il observait que l’avantage de cette angoisse est d’inciter à la création d’un lien social dont l’existence est profitable à l’espèce, donc que la religion (au sens étymologique du terme) avait eu un rôle dans l’évolution mais qu’à présent – je résume un brin – on pouvait passer à autre chose, vu qu’on sait ce qu’on sait.

L’illustration montre une toile peinte exposée au musée du quai Branly. D’origine khmère et datant du milieu du XXème siècle, elle détaille cinq épisodes de la vie de Bouddha. J’ai été intrigué par la personne qui a l’air d’amener une roue de secours: s’agissait-il du petit véhicule ou du grand véhicule?
L’illustration montre une toile peinte exposée au musée du quai Branly. D’origine khmère et datant du milieu du XXème siècle, elle détaille cinq épisodes de la vie de Bouddha. J’ai été intrigué par la personne qui a l’air d’amener une roue de secours: s’agissait-il du petit véhicule ou du grand véhicule?

 

Je vais interroger le pape du pastafarisme franco-belge, le dénommé Michel Noirret, sur les démarches entamées afin de reconnaître le culte de la passoire et du spaghetti volant, mais il sera certainement heureux d’apprendre – s’il ne le sait déjà – qu’une nouvelle voie s’ouvre en Belgique. En effet, le bouddhisme s’apprête à faire irruption dans le cortège des cultes et opinions reconnues… non pas comme une religion, mais comme un courant de pensée. La première syllabe du célèbre compromis à la belge est à prononcer clairement.

Je ne vais pas me faire que des potes: c’est une double imposture. Le bouddhisme est une religion, avec tout le matériel qui va avec, du moine aux crimes contre l’humanité en passant par des légendes invraisemblables, des schismes et tout le toutim. Deuxième volet de l’imposture, ce n’est pas du tout une morale de la zénitude telle qu’on aime sous nos latitudes à décrire cette religion au parfum d’exotisme, demandez au Rohingyas, par exemple. Alors payer pour qu’on répande ces bêtises, non merci. Car le fond du problème est là: ce qui intéresse au plus haut point le bouddhisme belge, ce n’est pas d’être reconnu, c’est d’être subsidié. Ce qui, d’ailleurs, est bien le fait d’une religion. 

Il y a des jours où j’envie nos voisins allemands, qui versent le denier du culte à qui ils veulent ou qui, incroyants, ne paient pas les 8 à 10% de supplément à leurs impôts. Cela montre clairement à qui profite le crime. Les Luxos, eux, ont séparé l’église et l’état (ça fait du bien de voir les partis chrétiens virés du pouvoir, non?) voici quelques années et divisé la note par trois. L’idéal apparent, bien sûr, se trouve dans la République française, qui ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte depuis 1905. Ce qui n’empêche pas Emmanuel Macron d’aller à Marseille au stade vélodrome, non pas pour voir un match de rugby, mais pour assister à une messe papale, imitant en cela Nicolas Sarkozy, qui osa rappeler au pape de l’époque que, selon la formule consacrée, la France était la fille aînée de l’église. Pourvu qu’elle n’ait pas été victime de pédophilie…

Mise en ligne, réception et classement des articles, expédition des infolettres, organisation des messes et cousin germain de Foudre bénie: Jean-Siddharta Hanssens, ci-dessous en selfie avec Bouddha quelque part dans la montagne birmane.

 

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