Le Tibet, ethniquement pur ?

par Jean Dif, le 31 juillet 2011

Toute personne s’étant rendu au Tibet a pu constater de visu que tous les Tibétains ne sont manifestement pas de même origine. Il existe déjà une différence très marquée entre les Tibétains des anciens Utsang et ceux du Kham, et de l’Amdo. Les Tibétains vivant autour de Lhassa sont plutôt petits alors que les Khampas et les Goloks sont grands et costauds.

 

Certains auteurs pensent même que les Khampas pourraient être d’origine indo-européenne. D’après le lama Vajranatha, John Myrdhin Reynolds, des Aryens auraient trouvé refuge au Tibet.

"Selon les annales dynastiques chinoises, quand les Scythes-Tokhariens, que les Chinois appelaient Yueh-chih, furent vaincus par les Huns de langue turque, ou Hsiung-nu (Xiongnu), sur les frontières occidentales de la Chine, au nord du Tibet, au second siècle avant notre ère, un groupe de langue iranienne, dont les membres étaient grands et blonds, s’enfuirent au Tibet oriental, c’est-à-dire dans le Kham et l’Amdo, où, jusqu’à nos jours, ils constituent une partie de la population khampa parlant tibétain, un autre groupe, plus important, alla vers l’ouest, dans la région au nord du Zhang Zhung."


De fait, les spécialistes divisent la population tibétaine en trois groupes : Ando, Nachan et Hor qui eux-mêmes se subdivisent en 51 tribus, lesquelles possèdent leurs propres cultures, néanmoins rameaux d’un tronc commun. Les Hor, d’origine mongole et turque, comprennent 39 tribus ; les Tibétains qui vivent au Kham sont de grande taille, comme je l’ai dit plus haut, et se nomment les Khampas, alors que les habitants du Tibet central, les Pöba (ou Bodpas) sont plus petits.

Les Andopas seraient les descendants des Karjiapas. Des Tangoutes se sont fondus dans la population tibétaine.


On connaît mal les origines ethniques de la population tibétaine ; les nombreux traits qu’elle possède en commun avec les Mongols ont amené certains à lui attribuer les mêmes origines ; d’autres estiment qu’elle comporte, au moins partiellement, des apports d’Asie centrale, d’origine peut-être indo-européenne (voir ci-dessus) ; d’autres encore pensent qu’elle pourrait être issue d’Asie du sud-est ; la parenté avec les indiens Hopis ne serait qu’un mythe, en dépit des similarités des cultures.


Les dernières découvertes génétiques laissent supposer que les origines des Tibétains sont multiples ; à des apports d’Asie centrale s’ajouteraient d’autres apports d’Asie orientale. Des tribus aux moeurs et aux croyances diverses, de provenances multiples, et pas toujours en bons termes, se sont très probablement côtoyées pendant des siècles dans les vallées tibétaines.
Enfin, le Tibet politique est né à proximité de Lhassa, dans la vallée du Yarloung.

Aux 7ème et 8ème siècles il s’est étendu grâce à une suite de conquêtes jusqu’à devenir l’un des trois plus grands empires du monde. Mais cet empire s’est effondré après la mort de Langdarma, au 9ème siècle. Le « Grand Tibet » recouvre une réalité politique basée sur des conquêtes et l’asservissement, voire le déplacement, de peuples qui n’étaient pas Tibétains, une réalité qui a cessé d’exister depuis 12 siècles ! Viendrait-il à l’idée de quelques Français de revendiquer l’empire de Charlemagne ? Non, bien sûr !


La question des limites du Tibet est donc très complexe. La Région autonome du Tibet est peut-être amputée d’une partie du territoire tibétain mais il est difficile d’assimiler celui-ci à l’ensemble des conquêtes tibétaines des 7ème et 8ème siècle.

Ce problème de l’identité des populations se trouve d’ailleurs posé pour l’ensemble de la Chine où des minorités se rencontrent disséminées un peu partout. C’est vrai des Tibétains et ça l’est aussi des autres ethnies. C’est pourquoi l’organisation administrative de la Chine est si compliquée avec ses villes, ses comtés, ses régions... autonomes.