Notion du « séparatisme tibétain »

Dans China Tibet Online, le 9 juin 2015

Récemment, le directeur du Comité national des ethnies et religions de la CCPPC, Zhu Weiqun, et le président de l'Association des écrivains de la province du Sichuan, Alai, auteur de la fiction historique « Zhandui », ont tenu un dialogue sur le « séparatisme tibétain » et sur les tendances des travaux visant les minorités ethniques de la Chine.

 

Alai affirme que, par le passé, les Tibétains ne pensaient pas au « séparatisme tibétain ».. Ce n'est qu'avec la période dite "moderne", qui correspond à l'invasion du Tibet par les Britanniques, les élites tibétaines ont constaté une importante baisse de la force de la dynastie Qing, l'empêchant de protéger le Tibet, comme c'était le cas avant (Qing, AD 1644-1911).

La conscience de certains Tibétains a lentement commencé à changer; ceux-ci ont formulé des demandes politiques qui consistaient à se séparer de la Chine. Par l'entremise des forces religieuses — en particulier par l'expansion des forces de l'école Gelugpa -, ils ont propagé cet appel aux autres régions tibétaines. Cela correspond à la même période que le mouvement pour l'indépendance de l'Inde britannique, autour de la Première Guerre mondiale.


Lors de la période républicaine (AD 1912-1949), la Chine était constamment en guerre civile et devait en outre faier face à l'invasion japonaise. Le gouvernement central n'a cessé de réaffirmer nominalement sa souveraineté sur le Tibet par des déclarations sur la scène internationale.

Concrètement, il lui était pourtant difficile de restreindre le gouvernement local du Tibet, et a ainsi renforcer la notion de « séparatisme tibétain ». De plus, le concept occidental moderne de « Une nation, un pays » a donné une seconde vie au « séparatisme tibétain ».


Alai considère qu'il existe de grandes différences entre le concept de « nation » entre la Chine et l'Occident. Depuis les temps les plus réculés, les groupes ethniques de la Chine sont fluides. On observe entre eux à la fois des différences, et un processus constant de mélange et d'intégration.

Historiquement, les frontières entre "nationalités" en Chine sont vagues. La flexibilité, implicite dans cette ambiguïté, rend possible des carrefours d'intermédiation. Ainsi, plus on souligne les différences entre les groupes ethniques, plus il est difficile de former une conscience et une reconnaissance nationale.

 

Alai a également mentionné que l'autonomie régionale ethnique et les politiques pertinentes sur les nationalités mises en œuvre depuis l'établissement de la Nouvelle Chine ont globalement été couronnées de succès. Mais depuis un demi-siècle, de grands changements se sont produits dans le contexte national et international, ainsi que dans l'idéologie liée à la culture des nationalités. Le temps est venu de lancer une réflexion en vue d'améliorer une partie des politiques des nationalités.

 

Zhu Weiqun a répondu à Alai qu'il faut tout d'abord admettre la réalité objective des nationalités en Chine. Il faut également souligner que toutes les nationalités de Chine se sont toujours mélangées, ceci dans un processus naturel. Aucune nation au monde n'est ethniquement pure, le processus de développement et d'évolution de chaque nation survient par divers mélanges, mariages mixtes et migrations, dans lesquels les nations, à la fois, conservent leurs caractéristiques propres, et absorbent et accueillent constamment les éléments des autres nations.

Il a souligné que l'orientation de la politique des nationalités doit s'efforcer d'aller plus loin dans la direction des contacts, des échanges et des mélanges, renforçant ainsi la communauté et la cohérence de la nation chinoise.

 

Face à la théorie occidentale des « nations et des États », Zhu Weiqun a déclaré qu'en fait, les pays occidentaux eux-mêmes ne pratiquent pas vraiment le principe de « Une nation, un État ». Si la mise en œuvre était réelle, la plupart des pays occidentaux seraient aujourd'hui démantelés.

Mais les pays occidentaux utilisent ce princie de « Une nation, un État » pour le diriger contre la Chine, c'est-à-dire qu'en critiquant la situation multiethnique de la Chine et en jugeant les « questions ethniques », ils se donnent une voie d'entrée pour tenter de diviser la Chine. Le Tibet en est l'exemple le plus frappant.

 Enfants Yi, Han, tibétains, belges et bretons (photo Jpdes, 2007, Sichuan)
Enfants Yi, Han, tibétains, belges et bretons (photo Jpdes, 2007, Sichuan)