Le dalaï-lama a écrit une lettre ouverte à tous les Tibétains
par Jean-Paul Desimpelaere, le 19 janvier 2009
En analysant cette lettre, nous y trouvons quelques propos « juteux »...
« Lorsque j’étais le leader politique et spirituel du Tibet, j’ai travaillé dur pour établir une démocratie au Tibet. Malheureusement, nous n’y sommes pas parvenus à cause de la répression cruelle menée par la République Populaire de Chine. »(1)
Ceci est absolument le contraire de ce qui s’est passé dans les années 50. A cette époque, ce sont les autorités chinoises qui ont poussé l’élite tibétaine à réaliser quelques réformes, sans vouloir les imposer elles-mêmes. Le système féodal aurait pu être modifié par l’élite tibétaine mais elle n'était pas obligée de le faire. Toutefois le gouvernement du 14ème dalaï-lama refusa d’aller dans ce sens. « Alors que le dalaï-lama avait un pouvoir souverain, il a préféré rester passif, …il n’était pas motivé pour intervenir. »(2)
« La communauté tibétaine en exil dispose actuellement d’une vraie structure moderne et démocratique qui devra fournir par la suite une gouvernance forte et durable au Tibet. »
Par cette déclaration, nous pouvons d’abord constater que le dalaï-lama exprime clairement – et cela davantage encore que dans son « texte de négociation » avec Pékin – qu’il a l’intention de fournir au « futur Tibet autonome » un autre système que celui prévu par la constitution chinoise. Si on s'en tient à la charte éditée par le gouvernement tibétain en exil (3), il s'agira d'un système semi-clérical, sans séparation de l’église et de l’état, où le dalaï-lama, en tant que chef d’état, gardera des compétences élargies tel que la prescription personnelle de lois (4). On peut ajouter que la « structure moderne et démocratique » dont il parle sera composée de membres de sa famille qui actuellement sont déjà présent dans le gouvernement en exil (5).
« Tous les Tibétains doivent se ranger derrière le « Central Tibetan Administration (CTA) » (6).
Les membres du CTA ne forment en fait pas un gouvernement légitime, mais sont des ex-opposants au régime chinois qui ont fui le Tibet. Ils exigent que tous les Tibétains les reconnaissent comme leurs véritables représentants, ce qui revient à prêcher la révolte au Tibet.
« La voie moyenne vers ‘l’autonomie’ en lieu et place de ‘l’indépendance’, je l’ai formulée depuis le début des années 70 ».
Pourtant en 1987, lors d’un important discours devant le Congrès américain, il parle encore d’ « indépendance ». (7)
« Il n’existe pas de signes positifs de changement au Tibet ».
Presque tous les cadres de la R.A.T. sont tibétains. Mais ce sont surtout les conditions de vie qui ont véritablement changé, il suffit d’aller le constater sur place. Est-ce que la qualité de vie ne serait pas « un signe » pour lui ? Le dalaï-lama semble avoir oublié que neuf de ses frères et sœurs sont morts en bas-âge dans l'ancien Tibet.
« Au mois de mars 2008, les Tibétains ont héroïquement risqué leur vie de manière pacifique et légale ».
Le dalaï-lama a décrété cela alors que tous les témoins occidentaux ainsi que des médias ont décrit et photographié la brutalité et la violence des incidents à Lhassa. Ces paroles traduisent un volontaire dénis des faits.
Notes :
(1) site personnel du 14e dalaï-lama, 14 novembre 2008
(2) voir à ce sujet e.a. le chapitre 15 « Winds of Change » de « A History of Modern Tibet, the calm before the storm, 1951-1955 », Mc Goldstein, University of California, pp. 399-421
(3) 1991, www.tibet.com/govt/charter/html
(4) ibidem
(5) voir « Democratie voor mijn familie », http://infortibet.skynetblogs.be
(6) CTA = « gouvernement en exil »
(7) site personnel du dalaï-lama, « statements »