Visite de Xi Jinping au Tibet

par Elisabeth Martens, le 26 juillet 2021

Du 21 au 23 juillet 2021, Xi Jinping s'est rendu en visite officielle en Région autonome du Tibet (RAT). La dernière visite d’un président chinois sur le toit du monde date de juillet 1990. Ce fut celle de Jiang Zemin, seul président chinois en exercice à s'être rendu au Tibet depuis la fondation de la République populaire de Chine en 1949.

Xi Jinping s'était déjà rendu en RAT en juillet 2011, mais il était alors vice-président du pays; il tenait à marquer le 60ème anniversaire de la libération pacifique du Tibet. Dix ans plus tard, c'est le 70ème anniversaire de la libération pacifique du Tibet que le président Xi a voulu célébrer sur place. C'était la première fois qu'un haut dirigeant chinois prenait part à une telle célébration dans l'histoire du Parti et du pays. Le président Xi a confirmé ainsi que la libération pacifique fut une étape importante pour la modernisation du Tibet, une étape qui initia de nombreux développements récents, particuilèrement significatifs.

 

Xinhua/Xie Huanchi
Xinhua/Xie Huanchi

 

Le président Xi a débarqué à l'aéroport de Nyingchi, troisième aéroport que le Tibet a mis en service en 2006. L'aéroport se trouve à 2949 mètres au-dessus du niveau de la mer, plus bas que les deux autres aéroports civils. La chaîne publique CCTV a commenté que "le numéro un chinois a reçu un accueil chaleureux de la part des cadres et des masses populaires de tous les groupes ethniques". Les groupes ethniques sont nombreux et fort mélangés dans cette partie orientale du Tibet.

 

Xinhua/Xie Huanchi
Xinhua/Xie Huanchi

Dans son discours d'arrivée, le président Xi a insisté sur la mise en œuvre des lignes directrices du Parti communiste chinois (PCC) pour diriger le Tibet vers une nouvelle ère, écrire un nouveau chapitre de stabilité, de durabilité et de développement de haute qualité pour la région du haut plateau.

"La promotion d'un développement de haute qualité pour le Tibet devrait être basée sur le principe selon lequel tout développement doit faciliter l'unité ethnique, améliorer le mode de vie, unir les habitants, et élever le sentiment de bien-être et de sécurité de tous les groupes ethniques", a déclaré Xi, selon le site officiel chinois globaltimes.cn (23/7/2021).

Selon Xi Jinping, au cours des 70 dernières années, le Tibet a réalisé des progrès historiques tant en matière de système social qu'en termes de développement économique, ce qui a permis une amélioration significative des conditions de vie de la population.

"Nous avons montré que sans le PCC, il n'y aurait eu ni la Chine nouvelle, ni le Tibet nouveau", a déclaré M. Xi. "Les directives et les politiques du Comité central du PCC concernant le travail au Tibet se sont avérées correctes."

Il a noté quatre problèmes majeurs pour la RAT: la stabilité politique, le développement économique, la consolidation des zones frontalières et la protection de l'envirronement. Il a particulièrement insisté sur ce dernier point en appelant à de nouvelles réalisations dans la protection de l'écologie du haut plateau Qinghai-Tibet et à faire progresser le développement durable de la région.

A Nyingchi, le président s'est dirigé vers le pont enjambant la rivière Nyang pour inspecter la préservation écologique du bassin de la rivière Yarlung Zangbo et de son affluent, la Nyang. Selon un rapport du département de l'écologie et de l'environnement de la région, le Tibet a maintenu une qualité environnementale stable en 2020. Lors d'une réunion clôturant sa tournée d'inspection, Xi Jinping a réitéré sa conviction que « les eaux lucides et les montagnes luxuriantes sont des atouts inestimables ». Il a également appelé à une plus grande promotion de la conservation de la biodiversité sur le plateau Qinghai-Tibet.

« Nous devons sans aucun doute donner la priorité à l'écologie et poursuivre le développement vert, nous efforcer de moderniser en mettant l'accent sur la coexistence harmonieuse de l'homme et de la nature, et protéger l'environnement du troisième pôle », a-t-il déclaré. À la fin de 2020, le Tibet avait construit 47 réserves naturelles couvrant 412 200 kilomètres carrés, soit plus du tiers du total de la région.

 

Xinhua/Xie Huanchi
Xinhua/Xie Huanchi

 

Par ailleurs, la visite du président chinois à Nyingchi a revêtu une importance stratégique dans un contexte d'affrontement entre les armées indienne et chinoise. Nyingchi est située non loin de l'État indien de l'Arunachal Pradesh, zone disputée entre l'Inde et la Chine depuis 1962, année durant laquelle une guerre sino-indienne a éclatée dans deux zones, l'Arunachal Pradesh à l'est, et le Laddakh à l'ouest. Le conflit n'a jamais été résolu et les zones frontalières restent fragiles. De multiples affrontements ont encore éclaté en 2020, faisant des dizaines de morts en juin 2020.

Xi Jinping a appelé la population à « défendre le territoire national », ce que les médias indiens n'ont pas manqué de souligner, tandis que Robert Barnett, chercheur associé à la SOAS (School of Oriental and African Studies) de l'Université de Londres, chercheur principal à l'Université baptiste de Hong Kong et chercheur affilié à l'Institut Lau China au King's College de Londres, a publié des vidéos montrant le dirigeant chinois s'adressant aux habitants. Il commente: "Son message sera particulièrement troublant pour l'Inde", car le président chinois "suggère qu'il place la lutte frontalière avec l'Inde tout en haut de l'agenda national de la Chine."

Le président Xi a ensuite pris le TGV à destination de Lhassa. Nyingchi est un centre névralgique sur la ligne ferroviaire Sichuan-Tibet. Celle-ci s'étend sur plus de 1740 kilomètres, depuis Chengdu, capitale de la province du Sichuan, jusqu'à Lhassa, capitale du Tibet. Elle a été mise en service en juin 2021, laissant circuler pour la première fois sur le plateau tibétain le train à grande vitesse Fuxing, le plus avancé de Chine. Cette ligne pourrait renforcer le statut du Tibet dans le réseau ferroviaire national et stimuler le développement économique de la région, voire générer un effet de rayonnement économique vers les pays voisins.

Arrivé à Lhassa, le président chinois a rendu visite à des fonctionnaires et à des locaux de divers groupes ethniques et leur a transmis les attentions du Comité central du PCC. Il s’est rendu au Potala, l'ancien palais du dalaï-lama, et au Barkhor où se situe le plus ancien temple de Lhassa, le Jokhang, pour finir sa visite au Tibet par le monastère de Drepung, centre d'étude majeur pour le bouddhisme tibétain où il a pu s'informer sur la conservation des affaires religieuses et du patrimoine de la ville ancienne, ainsi que sur l'héritage et la protection de la culture tibétaine.

 

Visite de Xi Jinping au monastère de Drepung (Xinhua)
Visite de Xi Jinping au monastère de Drepung (Xinhua)

 

Sources:

https://www.tibetanreview.net/xi-jinpings-tibet-visit-described-as-first-in-the-history-of-the-party-country/

http://french.xinhuanet.com/2021-07/23/c_1310080860.htm

https://www.lalibre.be/international/asie/2021/07/23/xi-jinping-au-tibet-premiere-visite-presidentielle-depuis-31-ans-WFNIRFSBRNA7JGY65M3MTBASQA/

https://www.lelezard.com/communique-19918056.html

http://dialoguechinefrance.com/yw/202107/t20210726_800254147.html