Ces partisans du « marxiste en robe de moine » qui exècrent Marx et le marxisme

par Albert Ettinger, le 24 mai 2018

Quand le 5 mai, la ville allemande de Trèves dévoila une statue de Karl Marx, l’AFD (le parti d’extrême-droite allemand) et la secte Falun Gong protestaient contre l’honneur fait au « père des dictatures communistes ». Des militants de la mouvance « Free Tibet » n’hésitaient pas à se joindre à eux, montrant ainsi ce qu’ils pensent eux-mêmes de la déclaration du dalaï-lama qui s’est autoproclamé « marxiste en robe bouddhiste ». (1)

 

 

En cette année 2018, la ville de Trèves fête officiellement le bicentenaire de la naissance du philosophe, économiste et théoricien de la révolution Karl Marx. Au cours des prochains mois, 600 événements – expositions, concerts, pièces de théâtre, conférences – vont retracer la vie et l'œuvre du plus célèbre fils de la ville.

Dans ce contexte, une statue de l’auteur du Capital et du Manifeste communiste fut officiellement dévoilée le 5 mai. L’événement était conçu comme le faîte des célébrations et commémorations. La nouvelle présidente du parti social-démocrate allemand, Andrea Nahles, y assista, ensemble avec des officiels chinois, car le monument, d’une hauteur totale de quelque cinq mètres, est un cadeau de la Chine.

La nouvelle statue et les manifestants du parti d’extrême-droite allemand imputant à Marx les « victimes du communisme ». Qu’est-ce que peut bien venir y chercher le visage d’un « marxiste en robe de moine » ? (Photos illustrant l’article du « Luxemburger Wort » du 7 mai 2018)
La nouvelle statue et les manifestants du parti d’extrême-droite allemand imputant à Marx les « victimes du communisme ». Qu’est-ce que peut bien venir y chercher le visage d’un « marxiste en robe de moine » ?
(Photos illustrant l’article du « Luxemburger Wort » du 7 mai 2018)

L’événement ne manqua pas de susciter l’ire des anticommunistes les plus virulents. En marge des 4 000 personnes venues pour y assister, quelques dizaines de « victimes du communisme, de membres de la secte Falun Gong interdite en Chine et de partisans de l’AFD », le parti anti-immigration, s’étaient mobilisés pour exprimer leur « critique, leur désapprobation et parfois aussi leur haine. » (2)

Des partisans du dalaï-lama n’avaient eu aucun scrupule à se joindre à eux, montrant une fois de plus qu’il existe une certaine affinité entre l’extrême-droite et le mouvement « Free Tibet ».

Petr Bystron, chef de file bavarois du parti xénophobe allemand (qui, ironie, est lui-même un immigré tchèque) marchait à la tête du cortège de protestataires. Ce député du Bundestag est connu pour ses nombreuses activités et contacts au sein de l’extrême-droite allemande ; Wikipédia relève en particulier le fait qu’il emploie un nazi notoire comme l’un de ses proches collaborateurs. (3)

 

Petr Bystron, parlementaire d’extrême-droite avec, à l’arrière-fond, un militant dalaïste, le « drapeau tibétain » sur les épaules.
Petr Bystron, parlementaire d’extrême-droite avec, à l’arrière-fond, un militant dalaïste, le « drapeau tibétain » sur les épaules.

 

(1) https://www.nouvelobs.com/opinions/20080116.OBS5540/le-dalai-lama-je-suis-un-marxiste-en-robe-bouddhiste.html.

(2) L’agence de presse allemande dpa dans Luxemburger Wort du 7 mai 2018

(3) Cf. https://de.wikipedia.org/wiki/Petr_Bystron

et https://www.bzbasel.ch/basel/basel-stadt/jetzt-ist-es-amtlich-eric-weber-ist-ein-nazi-130692371