Le Parlement européen et les « droits de l’homme » au Tibet, 2e partie : Ignorance ou mauvaise foi ?
par Albert Ettinger, le 18 février 2018
A propos de la résolution du Parlement européen « sur les cas des militants pour les droits de l’homme Wu Gan, Xie Yang, Lee Ming-che et Tashi Wangchuk, ainsi que du moine tibétain Choekyi » adoptée le 18 janvier 2018 (1)... en tant qu’Européens, nous sommes attachés à la liberté d’opinion et de parole. Que des individus soient punis rien que pour avoir dénoncé des abus, critiqué des décisions, posé des questions désagréables aux autorités en place ou exprimé des opinions divergentes nous révolte. Nous trouvons, à juste titre, que des peines de prison pour quelque délit d’opinion que ce soit ne sont en aucun cas justifiées, en Chine comme ailleurs.
L’Occident aussi connaît des limites à la libre expression
On ne peut pas évaluer la situation des droits de l’homme sur la base de quelques cas isolés, il faut raison garder. D’abord parce qu’il y a bien pire que des procès et d’éventuelles peines de prison pour « subversion » ou « atteinte à la sûreté de l’État ». Il y a nombre de pays « occidentaux » et « démocratiques » où des opposants disparaissent tout simplement à jamais. D’ailleurs, selon les statistiques publiées par les « Reporters sans frontières » très attachés aux intérêts américains, en 2017, les pays en paix avec le plus grand nombre de journalistes tués ont été des « démocraties parlementaires » : le Mexique (onze journalistes tués) et les Philippines (quatre). (2)
Ensuite, rappelons-nous que dans nos pays qui donnent volontiers des leçons de « droits de l’homme » à d’autres, il existe aussi des paragraphes qui limitent (à raison d’ailleurs) la libre expression.
En France, témoigner de la sympathie pour les djihadistes ou propager leur idéologie sur Internet peut avoir des conséquences très fâcheuses. Fin 2014, un « Strasbourgeois de 54 ans a été condamné à six mois de prison ferme pour avoir crié ‘Vive l’État islamique !’ dans les locaux d’une caisse d’allocations familiales » ; il a « été incarcéré » et « reconnu coupable d’'apologie publique d’un acte de terrorisme’ et d’ ‘outrage’, a précisé à l’AFP le substitut du procureur, Stéphanie Breton, qui avait requis contre lui huit mois de prison ferme en raison du ‘trouble à l’ordre public’. » (3)
Indépendamment de cela, le code pénal punit des délits tels que l’injure, la calomnie, l’outrage à magistrat (4) ou l'outrage à agent public (5), par exemple, et il interdit la publication de « propos diffamatoires ou insultants » qui peuvent inciter à la haine « contre une personne ou un groupe de personnes » en raison de leur ethnie, leur nationalité ou d’une religion spécifique.
Dans tous les pays européens, il y a en outre des lois qui punissent l’incitation à la haine à l'encontre d’un (autre) groupe ethnique. En Allemagne, ce qu’on appelle « Volksverhetzung » peut être puni de cinq ans de prison. Le Royaume-Uni, lui, punit l’intention d’inciter à la haine raciale et les propos ou écrits qui pourraient la provoquer par une peine allant jusqu’à sept ans de prison. (6)
Voici un exemple concret d’une décision de la justice anglaise, choisi au hasard. En 2011, on pouvait lire dans France-Soir : « Parce qu'ils avaient appelé à semer le désordre via Facebook, Jordan Blackshaw, 20 ans et Perry Sutcliffe-Keenan, 22 ans passeront les quatre prochaines années derrière les barreaux. Les deux jeunes ont été condamnés mardi par le tribunal de Chester, dans le nord-ouest de l'Angleterre pour incitation aux troubles via les réseaux sociaux, lors des émeutes qui ont sévi dans le pays la semaine dernière. » (7)
Au Luxembourg, une femme d’une quarantaine d’années vient d’ailleurs d’être condamnée tout récemment à une amende de 2 000 euros pour incitation à la haine. Elle avait tenu sur Facebook des « propos désobligeants » à l'égard… des Chinois et de la Chine. (8) Lors du procès, elle déclara avoir seulement réagi d’une manière émotive et irréfléchie à ce qu’on lit ou entend à propos de la Chine dans nos médias.
Les droits d’un « Boucher super-vulgaire »
Pour pouvoir se forger une opinion sur les cas pointés du doigt par le Parlement européen, il faudrait en connaître les détails et les dessous. En recherchant un peu, rien que sur Wikipédia, on apprend que Wu Gan, le premier « militant des droits de l’homme » cité par la résolution du Parlement européen, est un « blogueur et activiste » chinois qui opère sur Internet sous le pseudonyme révélateur de Super Vulgar Butcher (« Boucher super-vulgaire »).(9) On apprend encore qu’il est « connu pour ses pancartes et banderoles provocatrices » et que, par exemple, dans l’une de ses affaires, « il dessina une moustache d’Hitler sur la photo du juge en chef, en ajoutant la question de savoir quel pot-de-vin celui-ci aimerait recevoir ».
Libé note que sa « dénonciation en ligne des cadres du régime » était (euphémisme ?) « souvent sans nuances », ce qui lui « a valu la sévérité des juges. » (10) On peut se demander si, dans un pareil cas, nos juges européens garderaient leur sens de l’humour. Seraient-ils beaucoup plus indulgents que leurs collègues chinois ? Pas sûr. Monsieur Wu semble d’ailleurs avoir vécu de ce genre d’activités (en collectant des fonds sur Internet), puisque la Wikipédia anglaise indique « activiste, blogueur » comme son activité (professionnelle ?). (11)
Un vendeur de champignons médicinaux, spécialiste de l’enseignement du tibétain ?
Quant au Tibétain Tashi Wangchuk, il nous est présenté comme quelqu’un qui vient d’être « jugé en Chine pour avoir tenu à sa langue ».
Puisque, à n’en point douter, la grande majorité des Tibétains en Chine tiennent à leur langue sans pourtant être convoqués devant les tribunaux, il faut bien qu’on ait pu lui reprocher autre chose, non ? On nous assure que cet inoffensif défenseur de la langue tibétaine est accusé d’ «incitation au séparatisme» devant le Tribunal populaire intermédiaire de Yushu (12), sa ville d’origine, et cela uniquement pour être apparu à visage découvert dans une vidéo. Ainsi, tout cela serait une farce et le chef d’accusation serait tout à fait ridicule ?
Pas si ridicule que ça, à voir de plus près. Dans la vidéo en question, diffusée fin 2015 par le New York Times, Tashi Wangchuk fit écho au discours outrancier de Dharamsala, alléguant « que Pékin menait une politique larvée de sinisation de sa minorité ethnique » et affirmant que dans « toutes les régions tibétaines, de l’école élémentaire au lycée, il n’y a plus qu’un seul cours » en tibétain. Il lança pour finir : « Désormais, la seule façon d’étudier la culture tibétaine, c’est de devenir moine.»
La culture tibétaine ne subsisterait plus que dans les monastères ? Quelle distorsion grossière et grotesque de la réalité ! Françoise Robin, spécialiste française du Tibet et enseignante à l’INALCO, souligne que « depuis le milieu des années 1980, la création artistique et culturelle (littérature, musique, peinture, sculpture et, depuis peu, cinéma) est plus vivace au Tibet qu’en exil » et que les Tibétains en exil ont « été surpris de voir arriver » , après « une absence de contact de plus de vingt ans », de nouveaux réfugiés « prétendument sinisés qui parlaient et écrivaient bien leur propre langue, souvent mieux que les exilés eux-mêmes ». Ceux-ci sont en effet accusés par ceux restés au pays d’avoir « mâtiné leur langue de mots hindi et anglais ». (13)
Plus généralement, la place qu’on accorde aux différentes langues dans le système d’enseignement d’un pays dépend de plusieurs facteurs. En parler seulement en termes d’identité « nationale » et de défense du patrimoine culturel me semble inadéquat et témoigner d’un esprit borné. Une langue est d’abord un moyen de communication ainsi qu’un outil de pensée et d’acquisition de savoir. Les compétences langagières sont, par exemple, un facteur essentiel sur le marché du travail, en Chine comme en Europe.
Il s’agit donc d’un sujet compliqué, d’autant plus que beaucoup de « petites langues » ne disposent guère du vocabulaire nécessaire pour qu’on puisse raisonnablement les utiliser dans l’enseignement des sciences dites « exactes » ou des sciences humaines. Tel est le cas, par exemple, du Luxembourgeois qui, bien qu’officiellement reconnu langue « nationale », est pratiquement absent des écoles luxembourgeoises après la maternelle, au grand dam de nos nationalistes locaux.
On sait très bien, spécialement en Belgique et en Irlande du Nord (pour ne pas parler de l’Iraq, de la Syrie ou du Nigéria, par exemple), comment des questions de langue et de religion peuvent attiser la méfiance, les ressentiments, voire la haine entre communautés et, conséquence logique, le séparatisme. Au point de menacer la paix civile et l’existence même de l’État. Tashi Wangchuk n’a-t-il pas, justement, tenté de semer la haine inter-ethnique par des insinuations pernicieuses et absurdes en déclarant, dans le « mini-reportage » en question : « En politique, quand une nation veut en éliminer une autre, elle doit d’abord faire disparaître sa langue et son écriture. »
Ce n’est pas un défenseur averti et compétent de la langue tibétaine et de la place de celle-ci dans l’enseignement qui parle ainsi, mais bien un fanatique qui ne fait que rabâcher les thèses bien connues du « gouvernement en exil ». Est-ce que cet homme qui, avant cette affaire, gagnait sa vie en vendant « des produits artisanaux et des champignons médicinaux à Yushu » peut prétendre à une quelconque compétence en la matière ? A-t-il contribué personnellement au développement et à la culture ou bien à l’enseignement de sa langue natale, par des recherches linguistiques, des traductions, des cours privés, etc. Que nenni !
A-t-il la moindre idée des difficultés que rencontre l’usage du tibétain comme langue véhiculaire dans l’enseignement des sciences, par exemple? Les écoles tibétaines en Inde utilisent pour cela l’anglais, avec l’accord du dalaï-lama qui s’est lui-même efforcé, avec un piètre résultat, il est vrai, d’apprendre cette langue. Tout cela aussi, sans doute, dans le but d’« éliminer la nation tibétaine », en faisant « d’abord disparaître sa langue et son écriture », cette fois en l’ « anglicisant » ?
Une incroyable arrogance occidentale héritée de l’époque coloniale
Ce genre de réflexions n’a évidemment pas traversé l’esprit des défenseurs occidentaux des « droits de l’homme » qui n’ont pas hésité un instant à s’immiscer, avec tout le culot qui leur est propre, dans une affaire judiciaire entièrement et exclusivement chinoise. Ainsi, on a effectivement pu lire que, déjà « bien avant le procès », l’affaire avait pris « une tournure internationale avec les condamnations de Human Rights Watch et d’Amnesty International », et qu’« un journaliste du New York Times et cinq diplomates occidentaux ont tenté », pendant le procès, « de pénétrer » dans la salle d’audience, « sans succès. »
Qu’on imagine un peu des « ONG », des médias et des diplomates étrangers (de la Chine ou de la Russie, de préférence) agissant de la sorte lors d’un procès contre un ressortissant français en France ! Et puis, l’on peut être sûr que ces actions, destinées en apparence à exercer une pression sur le tribunal chinois en faveur du prévenu, ont eu l’effet contraire et ont gravement nui à celui-ci. Mais cela intéresse peu nos matamores occidentaux, bien décidés à dénigrer la Chine et sa politique à l’égard des minorités nationales, quitte à voir la peine de prison d’un pauvre bougre augmentée.
Jetons un coup d’œil sur les autres « cas » invoqués par le Parlement européen. Le « moine tibétain Choekyi », c’est qui ? Sans doute s’agit-il du garçon « reconnu » en 1995, à l’âge de 6 ans, par le dalaï-lama comme étant le nouveau panchen-lama. Le dalaï-lama avait alors, au lieu de rechercher un consensus, opté pour la confrontation directe avec les autorités chinoises en prenant une décision unilatérale. Les autorités chinoises ne s’étaient pas laissé faire, escamotèrent le garçon et sa famille et firent en sorte qu’un autre candidat fût choisi.
Même Wikipédia, après avoir fait sienne la version dalaïste de cette histoire, ajoute que l’ « alpiniste Serge Kœnig, fondateur d'une école de guides de montagne pour jeunes Tibétains à Lhassa, se demande, à propos de cette affaire, comment le gouvernement tibétain en exil et l'oracle de Nechung ont pu ne pas anticiper la réaction chinoise et savoir que l'absence de concertation avec Pékin signifiait 'sacrifier l'enfant... et provoquer un battage médiatique contre la Chine’ ». Parions que ce fut là justement l’intention du pontife !
La récente résolution du Parlement Européen montre qu’il y a réussi et que, faute de « cas » plus récents et plus graves, les ennemis de la Chine font toujours de cette histoire vieille de plus de vingt ans un « cas » de « prisonnier politique ». Pourtant, en « mars 2010, Padma Choling, président tibétain du gouvernement de la région autonome du Tibet, a indiqué que le garçon vivait maintenant comme citoyen ordinaire du Tibet. ‘Ses frères et sœurs cadets vont à l'université ou ont déjà commencé à travailler’, a-t-il déclaré. ‘Ce garçon est une victime. Lui et sa famille ne veulent pas être dérangés et souhaitent mener une vie ordinaire’. » (14)
et les autres...
Passons au cas de Xie Yang. Son procès s’est conclu le 26 décembre 2017 avec la libération de l’inculpé, exempté de peine par décision du tribunal populaire intermédiaire de Changsha après qu’il eut plaidé coupable. Beaucoup de bruit pour rien donc, comme dirait Shakespeare.
Le cas de Lee Ming-che semble avoir été plus grave. Détail important : il s’agit d’un ressortissant taiwanais, membre du Democratic Progressive Party (DPP), parti indépendantiste très hostile à Pékin, et il a été arrêté pour « implication dans des actions mettant en danger la sécurité nationale ». Accusé de « subversion », il a plaidé coupable et a été condamné à 5 ans de prison.
Autre détail non moins important : avant ces faits, en septembre 2017, l’étudiant Zhou Hongxu, citoyen de la R.P.de Chine, fut arrêté par les services de sécurité taiwanais sous l’inculpation d’avoir « essayé d’obtenir des informations secrètes et de recruter un réseau d’espions ». À l’arrestation consécutive de Lee Ming-che, Taiwan répondit en capturant 20 pêcheurs chinois qui avaient exercé leur activité près des îles Dongsha ou îles Pratas, un atoll revendiqué par Taipeh et par Pékin. (15) Non content de cela, la police taiwanaise arrêta, fin décembre 2017, Wang Ping-chung, le porte-parole d’un petit parti politique qui milite pour la réunification avec la Chine populaire, et trois de ses collègues. (16)
Les Parlementaires européens n’ont rien à faire de tout cela. Il leur a suffi de trouver un prétexte pour diaboliser la Chine.
Notes :
- http://www.tibet.fr/actualites/resolution-parlement-europeen-18-janvier-2018-cas-militants-droits-de-lhomme-wu-gan-xie-yang-lee-ming-che-tashi-wangchuk-ainsi-moine-tibetain-choekyi/
- http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2017/12/19/recul-du-nombre-de-journalistes-tues-dans-le-monde-en-2017_5231612_3236.html#4tWyPBstkhP5Dx4Q.99 – Bel exemple de « fake news », le titre mentionne la Chine parmi ces pays les plus dangereux, bien qu’elle n’apparait ni dans cette liste ni dans l’article en question. On l’a simplement ajoutée par principe… : « Syrie, Mexique, Chine : les pays les plus dangereux pour les journalistes en 2017 »
- https://www.les-crises.fr/six-mois-ferme-pour-avoir-crie-vive-letat-islamique-a-strasbourg/ - Remarquons en passant que l’apologie du terrorisme ouïghour en Chine, comme dans le cas de la journaliste Ursula Gauthier de L'Obs, n’est pas puni ni guère critiqué en France et en Europe.
- L'article 434-24 du Code pénal français dispose que : « L'outrage par paroles, gestes ou menaces, par écrits ou images de toute nature non rendus publics ou par l'envoi d'objets quelconques adressé à un magistrat, un juré ou toute personne siégeant dans une formation juridictionnelle dans l'exercice de ses fonctions ou à l'occasion de cet exercice et tendant à porter atteinte à sa dignité ou au respect dû à la fonction dont il est investi est puni d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende. Si l'outrage a lieu à l'audience d'une cour, d'un tribunal ou d'une formation juridictionnelle, la peine est portée à deux ans d'emprisonnement et à 30 000 euros d'amende ». https://www.legavox.fr/blog/maitre-anthony-bem/delit-penal-outrage-definition-conditions-18035.htm
- cf. l’article 433-5 du Code pénal : « Constituent un outrage puni de 7 500 euros d'amende les paroles, gestes ou menaces, les écrits ou images de toute nature non rendus publics ou l'envoi d'objets quelconques adressés à une personne chargée d'une mission de service public, dans l'exercice ou à l'occasion de l'exercice de sa mission, et de nature à porter atteinte à sa dignité ou au respect dû à la fonction dont elle est investie. Lorsqu'il est adressé à une personne dépositaire de l'autorité publique, l'outrage est puni de un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende. » https://fr.wikipedia.org/wiki/Outrage_%C3%A0_agent_public_en_France
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Lois_contre_le_racisme_et_les_dis cours_de_haine
- http://archive.francesoir.fr/actualite/international/emeutes-londres-deux-jeunes-condamnes-quatre-ans-prison-128302.html
- http://5minutes.rtl.lu/grande-region/luxembourg/279529.html&sa=U&ved=0ahUKEwjUztaYu6jKAhXIWRoKHTz5C38QwW4ILzAF&usg=AFQjCNGBIPEzgYBwoMrVwgmk6V0qA0v28g/1108278.ht9
- https://en.wikipedia.org/wiki/Wu_Gan
- http://www.liberation.fr/planete/2017/12/26/chine-le-dissident-wu-gan-condamne_1619019
- https://en.wikipedia.org/wiki/Wu_Gan
- http://www.liberation.fr/planete/2018/01/05/un-tibetain-juge-en-chine-pour-avoir-tenu-a-sa-langue-dans-un-documentaire_1620651
- Robin, Clichés tibétains, idées reçues sur le Toit du monde, p. 128
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Panchen-lama
- https://www.taiwannews.com.tw/en/news/3130974
- http://www.telegraph.co.uk/news/2017/12/20/china-outcry-taiwan-arrests-pro-beijing-party-members-accused/