Chronologie du Tibet

par Jean-Paul Desimpelaere, le 25 décembre 2011

3000 avant J.-C. : traces de sédentarisation, vestiges de la plus ancienne habitation à Karub, près de Qamdo (dans l'Est du Tibet).

 ??? légende du Roi Gesar régnant sur l’état de Ling

 ??? ème siècle avant J.-C. – 7ème siècle ap. J.-C. : culture Zhang Zhung, dans les environs du mont Kailash.

 

4ème ou 2ème siècle avant J.-C. : légende du Roi Nyatri Tsanpo, dans la vallée du Yarlung.

5ème siècle après J.-C. : le Roi Lhatotori Nyentsen et les premières influences bouddhistes, depuis le Cachemire.

630 – 846 : la Dynastie Yarlung, encore appelée Dynastie des Tubo

630 – 649 : Songtsen Gampo, avec l'introduction du bouddhisme par la princesse chinoise Wencheng et la princesse népalaise Bhrikuti.

649 – 655 : Gungri Gangsten, il conquiert la Tuyuhunië en 653.

655 – 676 : Mangang Mangtsen, défaite écrasante en 670 face à l'armée chinoise des Tang, au Qinghai.

676 – 704 : Dusong Mangpoche, plusieurs incursions vers le Nord par la Route de la Soie, parfois vainqueur, parfois vaincu par l'armée des Tang. Attaque repoussée dans la région de Nanzhao, (Sud-Est), le roi meurt.

704 – 755 : Tride Tsukten n’est qu’un enfant lorsque son père tombe au combat. Sa grand-mère dirige l’Empire pendant tout un temps. Il épouse la princesse chinoise Jincheng.

735 : Traité de Paix entre les Tubo et les Tang. Les provinces du Sichuan-ouest et du Gansu et la Route de la Soie vont aux Tubo.

750 : les Tubo sont chassés des oasis de la Route de la Soie par les Arabes. En 752, les Nanzhao et les Tubo s'allient jusqu’à la fin du 8ème siècle.

755-797 :Trisong Detsen, fils de Tride Tsukten et de la princesse Jincheng. Padmasambhava, un gourou indien, trouve asile chez celui-ci suite à la poussée de l’Islam en Inde, il introduit le tantrisme dans le bouddhisme tibétain. Création de l’école Nyingma (Bonnnets Rouges). Également création du premier monastère du Tibet à Samye, à l’Est de Lhasa. Sous Trisong Detsen, le royaume du Tibet atteint son expansion maximale et devient le « Grand Tibet », deux fois l’actuelle province.

763 : occupation temporaire de Chang’an (ou Xian), capitale de la dynastie Tang, par les Tubo.

787 : nouveau Traité de Paix entre les Tubo et les Tang, certifiant que l’entièreté des territoires de l’Ouest échappe à l’influence des Tang.

797 – 815 : la puissance militaire du royaume des Tubo s’affaiblit. Trois rois se succèdent rapidement.

815 – 838 : Ralpachen (aussi connu sous le nom de Tritsug Deqen) limite le pouvoir de la noblesse laïque en faveur du clergé. Il est assassiné par des partisans.

823 : dernier Traité de Paix entre les Tubo et les Tang, les sphères d’influence perdurent.

838 – 846 : Langdarma, fils de Tritsug Deqen, limite le pouvoir du clergé bouddhique. Langdarma est assassiné à son tour. Fin du royaume des Tubo.

Quatre siècles de division

847 – 869 : révolte des esclaves sur les restes du royaume des Tubo, un système féodal se met lentement en place.

1042 : Royaume Guge à Ngari, dans l’Ouest du Tibet. Atisha, un gourou du Bengale, y instaure l’école de Khadam et y fait parvenir le texte du Kalachkra. Il est invité dans la région de Lhassa où il fonde le monastère de Reting en 1056.

1038 – 1227 : Royaume Xixia au Nord-est (correspondant aux provinces actuelles de Qinghai, Gansu et Ningxia) dont la population Tanggu est un mélange de Mongols, Turcs, Tibétains, Han et Tu.

1073 : Fondation de l’école Sakya dans la ville de Sakya grâce à l’aide de la famille Khon

12ème siècle : le guru et poète tibétain, Milarepa, encourage la création de l’école Kagyu.

1162 – 1227 : début de la conquête de Gengis Khan, destruction du royaume Xixia en 1227.

1234 : le Nord de la Chine est définitivement annexé par l’Empire mongol ; au Sud de la Chine, la dynastie Song résiste jusqu’en 1279.

1239 : sous le commandement de Godan, une petite armée de reconnaissance mongole se dirige vers le Tibet. Pourparlers avec l’école Sakya en vue d’une « soumission pacifique » aux Mongols en échange du pouvoir local.

Première période mongole (1252 – 1368)

1252 : le Tibet est annexé à l’Empire mongol. Pagpa, le dirigeant des Sakyapa, est désigné comme représentant de Ü et de Tsang, deux régions du Tibet central.

1260 – 1294 : règne de Kubilaï Khan qui s’autoproclame Empereur de Chine en 1271 (dynastie des Yuan).

1264 : création à Pékin de la « Commission centrale chargée des affaires bouddhiques du Tibet ».

1333 – 1368 : Shundi, le dernier Empereur de la dynastie Yuan, installe la famille Phagmodrupa (qui a vaincu les Sakyapa) comme dirigeants du Tibet central.

Administration Phagmodrupa (1345 – 1478)

1354 : destruction du monastère Sakya et élimination définitive de l’administration Sakya. Nedong devient la capitale du Tibet central (Ü et Tsang réunis). Fondation de l’école Phagdru-kagyu. Guge, dans l’Ouest, reste indépendant.

1407 : la dynastie chinoise des Ming (1368 – 1644) crée des titres pour les dirigeants du Tibet central tibétains, cléricaux et laïques confondus, « Prince du Dharma » est le titre le plus élevé. Les Ming ne favorisent aucune école bouddhique ni famille tibétaine. Dans les zones frontalières (correspondant aux provinces actuelles), les Ming nomment directement les chefs locaux ou « tusi’s ».

1409 : fondation à Lhassa du monastère Ganden par Tsongkapa (1357 – 1419) avec l’aide de la famille Phagmodrupa. Début de l’école Gelug (Bonnets jaunes), puis les monastères de Drepung en 1416 et de Sera en 1419, tous deux à Lhassa, ainsi que le monastère Tashilumpo à Xigaze. La propriété terrienne est définie plus scrupuleusement, le servage est légiféré. Les monastères amassent des terrains et obtiennent des serfs.

1478 – 1565 : administration Ringpung, une autre famille s’empare du pouvoir militaire au Tibet central. Sakya devient leur capitale. Ils privilégient l’école Karma-Kagyu.

L’administration Tsangpa (1565 – 1642) et la deuxième période mongole (1573 – 1717)

1565 : suite à une nouvelle guerre, la famille Tsangpa prend le pouvoir et désigne Xigaze comme capitale. La famille Tsangpa incite les Karma-Kagyupa à attaquer les Gelugpa.

1573 – 1578 : Altan Khan (1507 – 1582), un chef mongol du Nord de la Chine, envahit le Tibet. Il protège les Gelugpa.

1578 : Altan Khan confère le titre de « dalaï-lama » au troisième abbé du monastère de Drepung.

1589 : le petit-fils d'Altan Khan devient le quatrième dalaï-lama.

Aux environs de 1600 : les dirigeants Tsangpa font appel aux Mongols Chogtu de l’Ouest de la Chine afin d’assiéger les Gelugpa.

1605 : les monastères de Drepung et de Sera à Lhassa sont détruits par l’armée Tsangpa.

1639 : Gushri Khan (1584 – 1655), un chef mongole du Nord-ouest de la Chine, défait les Mongoles Chogtu au Qinghai et vient en aide aux Gelugpa du Tibet.

1642 : les dirigeants Tsangpa sont définitivement vaincus par Gushri Khan. Le 5ème dalaï-lama (1617 – 1682) reçoit le pouvoir politique sur le Tibet central. Gushri Khan reste son supérieur en tant que « depa », une sorte de président. Après la mort de Gushri Khan, le titre de « depa » est attribué à un Haut Lama tibétain et Lhassa devient la capitale. Le 5ème dalaï-lama conquiert le royaume de Guge à l’Ouest et pénètre à l’Est jusqu’au Sichuan.

1645 : Gushri Khan accorde le titre de « panchen lama » à l’abbé du monastère Tashilumpo.

La dynastie Qing ou mandchoue (1644 –1911)

1652 : à Pékin, le 5ème dalaï-lama est reconnu par l’Empereur Qing, Shunzhi, comme dirigeant du Tibet.

1697 – 1705 : courte période de règne du 6ème dalaï-lama, dit le « frivole ».

1705 : Lajang Khan, l’arrière petit-fils de Gushri Khan, tente d’installer son fils comme 7ème dalaï-lama.

1713 : L’empereur Qing, Kangxi (1661 – 1722), confirme le titre de « panchen lama ».

1717 – 1720 : les Dzoungars occupent temporairement le Tibet. Lajang Khan meurt au combat. En 1720, les Dzoungars sont expulsés par les forces Qing. Polhanas, un laïque, est désigné comme chef local du Tibet. Les forces Qing escortent le vrai 7ème dalaï-lama jusque Lhassa, qui ne reçoit aucun pouvoir séculaire.

1727 : guerre civile au Tibet, entre le Ü et le Tsang. Les armées Qing rétablissent l’ordre, Polhanas conserve son pouvoir jusque 1747. Les frontières du Tibet sont fixées par les Qing, elles ressemblent aux frontières actuelles.

1736 – 1795 : règne de l’Empereur, Qing Qianlong, il finance la constriction de nombreux monastères dans les zones frontalières du Tibet.

1747 – 1756 : nouvelle guerre civile au Tibet, avec l’intervention des Dzoungars. L'armée des Qing vient de nouveau rétablir l’ordre et vainct les Dzoungars en 1756.

1751 : création du Kashag, le conseil des ministres pour le Tibet. Abolition du système du “depa”.

1774 : première reconnaissance anglaise du Tibet, la « mission Bogle ».

1791 : les armées des Qing repoussent une invasion népalaise Gurkha du Tibet.

1793 : les Qing rédigent une liste de 29 lois pour le Tibet. Dorénavant, un triumvirat gouverne le Tibet composé du commissaire de l’Empereur (ou Amban), le dalaï-lama et le panchen-lama. La réincarnation d’importants lamas doit être ratifiée par l’Empereur de Chine.

1808 – 1879 : du 9ème dalaï-lama au 12ème, ils meurent jeune, avant d’accéder au pouvoir.

1846 – 1864 : l’Angleterre soustrait le Ladakh, le Sikkim et le Bhutan à l’influence tibétaine.

1879 : le jeune 13ème dalaï-lama (1876 – 1933) arrive sur le trône.

1897 : Dorjieff, un mongole Buriat et homme de contact de la Russie tsariste, devient le conseiller du 13ème dalaï-lama.

1904 : l’armée anglaise occupe temporairement le Tibet. Le 13ème dalaï-lama fuit vers la Mongolie, puis vers Pékin. Il retourne à Lhassa en 1909, mais fuit vers l’Inde anglaise lors de l’approche des forces Qing.

La République de Chine (1911 – 1949)

1911 : chute de la dynastie Qing en Chine et proclamation de la République de Chine.

1913 : le 13ème dalaï-lama retourne au Tibet, tous les Chinois Han sont expulsés du Tibet. Indépendance de facto du Tibet.

1913 : la conférence de Simla (en Inde) réunit l’Angleterre, le Tibet et la Chine ; le 13ème dalaï-lama propose la carte du « Grand Tibet », l’Angleterre dépouille le Tibet de l’Arunachal Pradesh et la China rejette l’accord.

1918 : le 13ème dalaï-lama conquiert l’Est du Tibet. Un accord définit la frontière au Yangzi, comme c’est le cas pour le Tibet actuel.

1933 – 1950 : suite à la mort du 13ème dalaï-lama, la noblesse tibétaine ne sait pas si elle doit se tourner vers l’Angleterre ou la Chine. Le régent Reting (1933 – 1941) tergiverse, tandis que le régent Taktra (1941 – 1950) est pro-anglais.

1940 : l’actuel 14ème dalaï-lama (né en 1935) est officiellement intronisé.

1942 : première mission américaine au Tibet (Dolan, Tolstoy). Une horloge en or est offerte au dalaï-lama.

La République Populaire de Chine (depuis 1949)

1949 : proclamation de la République Populaire de Chine.

1951 : l’Armée Rouge marche sur Lhassa, le 14ème dalaï-lama pense à s’exiler. Cependant, avec le Kashag, il accepte le programme en 17 points proposé par la Chine. Les deux frères du dalaï-lama fuient et sont recrutés par la CIA.

1956 : début de l’insurrection tibétaine au Sichuan de l’Ouest. Les USA fournissent une première aide militaire en 1957.

1958 – 1959 : l’insurrection atteint Lhassa, le 14ème dalaï-lama se laisse convaincre de partir. L’armée chinoise étouffe l’insurrection.

1960 : abolition du système féodal.

1959 – 1972 : guérilla au Tibet soutenue par les USA.

Depuis 1972 : croisade internationale du 14ème dalaï-lama pour « la paix, la liberté, les droits de l’homme, la démocratie et pour un Tibet (plus ou moins) indépendant de la Chine ».