Le déboisement sur les contreforts humides du Haut-Plateau

par Jean-Paul Desimpelaere, le 9 février 2009

« A une époque encore peu éloignée, tout le pays a dû être couvert de forêts, mais les indigènes déboisent avec acharnement. Beaucoup de montagnes sont entièrement dénudées et croulent, menaçant d’obstruer dangereusement les vallées, tandis que des torrents, bondissant à travers les énormes éboulis, ravinent profondément les versants arides et activent la dévastation. » (1)

 

Si on remplace le mot « indigène » par « Chinois » dans ces deux phrases, on jurerait qu'elles sont tirées d'un pamphlet rédigé par un groupe « Free Tibet » qui, systématiquement, accuse les Chinois de provoquer des catastrophes écologiques au Tibet. Hé bien non... cette citation date de 1921, elle vient d’un livre d’Alexandra David-Neel, ethnologue de renommée internationale. Les « indigènes » dont elle parle sont bien des Tibétains puisque dans cet extrait, elle parle d’une région située dans la province du Gansu (au nord-est du Haut Plateau), où vivent de nombreux Tibétains.

 

Pour quelle raison abattaient-ils des arbres ? Pour leur usage personnel, cela va sans dire, mais aussi pour le vendre aux musulmans Hui et aux Chinois Han qui vivaient dans les régions agricoles, en plus basse altitude. Or il était impossible de faire naviguer des troncs d’arbres sur les tumultueuses rivières dévalant les flancs de montagnes, aussi le  transformaient-ils d'abord en charbon de bois. Alexandra David-Neel ajoute : « Des sapins géants, les bûcherons font maladroitement de la petite braise dont la moitié s’effrite et demeure sur place ».

sur le versant Est du Haut Plateau au Sichuan (photo JPDes., 2007)
sur le versant Est du Haut Plateau au Sichuan (photo JPDes., 2007)


Actuellement, l'exploitation forestière sur les flancs Est et humides du Haut plateau est très contrôlée, à tel point que les Tibétains du Sichuan et du nord du Yunnan font venir du bois de Thaïlande, du Laos et d'autres pays du sud pour la construction et la finition de leur maison qui, traditionnellement, est en bois dans cette région. D'un point de vue écologique, l'import de bois précieux n'est pas une solution,  il n'empêche que les forêts du Sichuan sont repeuplées.

Notes
(1) A. David-Neel, « Au pays des brigands gentilshommes », récit d’un voyage en 1921, Ed. Plon, pocket, 1980, p. 37

 

nouvelle construction aux abords de Zhongdian ou Shangrila (photo JPDes., 2007)
nouvelle construction aux abords de Zhongdian ou Shangrila (photo JPDes., 2007)
nouvelle maison aux abords de Zhongdian ou Shangrila (photo JPDes., 2007)
nouvelle maison aux abords de Zhongdian ou Shangrila (photo JPDes., 2007)
 ancienne demeure de maître aux abords de Zhongdian ou Shangrila (photo JPDes., 2007)
ancienne demeure de maître aux abords de Zhongdian ou Shangrila (photo JPDes., 2007)
   réserve de bois de chauffage au monastère de Zhongdian (photo JPDes. 2007)
réserve de bois de chauffage au monastère de Zhongdian (photo JPDes. 2007)