La modernisation chinoise vise à l’harmonie entre l’homme et la nature, exemple du plateau Tibet-Qinghai

par Bruno Drweski, le 12 octobre 2023

J’ai été invité en Chine du 5 au 17 septembre 2023 dans le cadre d’une délégation d’Europe occidentale reçue par le département international du Comité central du Parti communiste chinois (ID CPC) et organisée par la section « Europe occidentale » de ce département. Cette délégation était intégrée dans un ensemble plus vaste de délégations venues d’autres parties du monde, toutes invitées à participer à la rencontre « Réalisations du Qinghai dans la pratique de la pensée du Xi Jinping sur le socialisme aux caractéristiques chinoises pour la nouvelle ère de l’humanité ».

Ci-dessous, vous pouvez lire le compte-rendu de notre participation à ce meeting international (texte relu et complété par les apports des autres membres de la délégation française à partir de leurs propres notes).

modernisation chinoise 02

Notre délégation a été conviée à cette grande conférence de 150 représentants de partis politiques venus de 30 pays d’Europe occidentale et d’Asie, et avec lesquels le département international du PCC entretient des relations. Pour l’Europe occidentale, c’était notre délégation qui était présente, pour l’Asie-Pacifique, j’ai pu noter la présence de représentants du Pakistan, de Syrie, de Turquie, d’Iran, du Népal, des îles Fidji et sans doute d’autres pays encore.

La rencontre a été présidée par Liu Jianchao, directeur de l’ID CPC, de retour du Vietnam et du Laos. Il a axé son intervention sur les questions environnementales en soulignant qu’après de multiples études, le PCC avait décidé de lutter contre l’habituel « polluons d’abord et traitons ensuite » pour revenir à des principes contenus dans la culture chinoise traditionnelle d’harmonie avec la nature, en même temps qu’on procède au développement économique. La décision a été donc prise lors du XVIIIe congrès du Parti en 2012 de bâtir une « civilisation écologique » visant à multiplier les efforts de la Chine dans ce sens à l’échelle mondiale. L’écologie étant le point clef correspondant à l’intérêt ultime de tous les peuples, de tous les pays, de tous les groupes sociaux et de toutes les orientations politiques, elle peut permettre de bâtir cette entente minimum entre les pays nécessaire pour préserver la paix et faciliter les coopérations économiques.

La Chine est donc devenue en dix ans le pays qui s’est le plus développé dans le domaine de l’amélioration de la qualité de l’air, qui a réussi à garantir que 87 % de ses cours d’eau soient sains et qu’elle représente le quart des étendues reboisées dans le monde. La Chine est arrivée à cela en utilisant une approche holistique des questions économiques et écologiques, elle a décidé de favoriser un tourisme écologique et de faire du projet « une ceinture, une route » un axe de « développement vert » à l’échelle du monde. Le XXe congrès du Parti a poursuivi dans cette ligne de développement les concepts novateurs de Xi Jinping en matière d’écologie visant à bâtir un pays socialiste moderne contribuant à la construction d’une nouvelle civilisation pour l’humanité entière. L’intervenant a souligné la responsabilité des partis politiques du monde entier dans cette tâche visant à inaugurer une nouvelle ère de progrès pour toute l’humanité.

La parole a ensuite été prise par Chen Gang, premier secrétaire du PCC de la province de Qinghai. Ce dernier vient d’être élu à ce poste depuis huit mois et est un nouveau venu dans la province. On lui avait dit avant qu'il vienne que c’était une province difficile, pauvre, éloignée, au climat et à l’altitude (3000 m et plus) rudes mais il a tout de suite été charmé par sa « magnificence » et le fait que sa tâche était concentrée, selon les documents de l’ONU, dans « une des quatre régions les plus propres du monde » ce qui devrait lui permettre de faire du Qinghai une province modèle pour la civilisation écologique chinoise en construction et pour le monde.

Le Qinghai fait en effet partie du plateau Tibet-Qinghai encore peu touché par le changement climatique mondial, devant permettre plus aisément de passer de la théorie à la pratique. La mission qu’il a reçue du Parti pour appliquer la loi de la protection de la nature adoptée par la Chine et créer une région écologique modèle basée sur une vision innovante holistique de développement vert, est donc exaltante. Il faut protéger et en même temps utiliser pour le développement le troisième pôle glacier de la terre. En développant le nombre de parcs nationaux et en assurant la croissance des espèces naturelles locales, végétales et animales. L’humanité a-t-il dit ne peut se permettre de perdre la bataille contre les changements climatiques. La Chine atteindra en 2030 son pic carbone à partir de quoi il déclinera pour atteindre en 2060 la neutralité carbone. Au Qinghai, 84,5 % de l’énergie produite et consommée localement ou exportée dans d’autres régions du pays est une énergie propre.

L’objectif décidé par le Parti est de construire « une belle patrie » respectueuse de ses traditions culturelles et ethniques et propageant un éco-tourisme réfléchi à la place du tourisme de masse abrutissant en vigueur dans les pays capitalistes. Au Qinghai, 146 000 éleveurs ont été formés pour être également des protecteurs de l’environnement selon la philosophie chinoise traditionnelle, qui pourrait aider à promouvoir un futur commun pour toute l’humanité « tous sous un même ciel ».

A ces deux interventions de cadres du Parti ont succédé six interventions d’acteurs de terrain décrivant leurs activités régulières dans le domaine de l’écotourisme, de logement pour touristes chez l’habitant, de guides touristiques et de protecteurs de l’environnement.

Un intervenant est un éleveur qui a pu élargir ses activités, augmenter son niveau de vie, apprendre le chinois littéraire (« mandarin ») et établir des contacts et des coopérations mutuellement avantageuses avec les touristes qu’il a reçus, accompagnés et avec lesquels il a établi des contacts réguliers utiles au lancement d’initiatives économiques transrégionales.

Un autre intervenant est un « navigateur » qui a créé dans le désert du Gobi « une mer de panneaux solaires » à partir desquels s’est développée « une mer d’industries vertes » aidant aussi au développement de la faune locale.

Un autre intervenant a développé des activités de recherches des changements climatiques et des conditions atmosphériques, un « ranger du parc national » chargé de surveiller l’environnement, un acteur du grand lac salé du Qinghai contenant du lithium et du sel. 70 % du lithium se trouve dans les lacs salés et 43 % du lithium en Chine se trouve dans le grand lac salé du Qinghai, ce qui a permis la création du groupe industriel du grand lac salé permettant de produire du lithium sans créer de problèmes environnementaux, à un coût moindre et de construire sur les rives du lac un parc industriel écologique.

Une autre intervenante a décrit l’école pour enfants de nomades établie depuis 1958 et qui est devenue en 2004 l’école pour les enfants des éleveurs, désormais rassemblés dans un nouveau village pour anciens nomades devenus à la fois éleveurs et gardiens de la nature, collectant les informations sur l’évolution de la flore et de la faune locales.

Ont suivi deux interventions des représentants étrangers présents à cette rencontre. La délégation des pays d’Asie était représentée par le Parti communiste du Népal d’Unité marxiste-léniniste dont le représentant a parlé de la modernisation de la Chine, de la crise écologique menaçant la vie des peuples. Il a parlé de l’expérience gouvernementale de son parti qui a donc été confronté à la question du développement économique et écologique, dans la situation d’une compétition géopolitique mondiale freinant le développement d’un consensus minimum pour l’humanité. Il a souligné l’importance de quatre idées : la modernisation verte, la sécurité écologique, la solidarité coordonnée, l’initiative chinoise pour la promotion d’une civilisation écologique mondiale. La Chine et le Népal, a-t-il dit, sont de bons voisins tant au niveau des relations d’État à État que de Parti à Parti.

La délégation d’Europe occidentale était représentée par le membre du bureau politique d’AKEL (Parti progressiste des travailleurs de Chypre, communiste) qui a parlé de son observation de la société chinoise et de la nécessité de développer des canaux de communication avec la Chine pour mieux connaître ce pays, malgré la pression médiatique des pays menant une politique impérialiste allant à l’encontre des politiques honnêtes promues par la Chine en direction de la paix et de bénéfices mutuels. Il a parlé de la politique dialectique d’égalité, de paix, de démocratie et de modernisation socialiste promue dans un environnement mondial difficile nous forçant à reposer la question « socialisme ou barbarie ? » Il a mentionné la politique impérialiste des États-Unis contre le peuple chypriote, faisant contraste avec la politique de la Chine visant à redessiner une gouvernance mondiale qui explique pourquoi le monde entier attend beaucoup de la Chine qui avance de façon régulière grâce à ses plans quinquennaux et sa politique d’harmonie avec la nature.