Le bain thérapeutique tibétain Lum inscrit au patrimoine de l’UNESCO.

par la rédaction, le 30 décembre 2018

Cela fait plus de quarante ans que la Révolution culturelle a cessé au Tibet comme dans le reste de la Chine. Il n’empêche que, pour les adeptes du « Free Tibet » − dont l’immense majorité n’a jamais mis les pieds sur le Haut Plateau − la culture tibétaine serait encore en danger. Pour certains, elle ne serait plus qu’un vernis folklorique à usage touristique. Le dalaï-lama parle même de « génocide culturel » : excusez du peu.

La réalité sur le terrain est tout autre : la protection du riche patrimoine culturel tibétain est aujourd’hui encouragée et financée tant par le gouvernement de la Région autonome du Tibet que par le gouvernement de Pékin. Une illustration supplémentaire de cette politique nous est fournie par le site France-Tibet, en général très critique quant à la gestion par Pékin de la question tibétaine, qui, le 29 novembre 2018, a fait écho – c’est tout à son honneur – à un article publié sur le site french.china.org.cn.

Nous le reproduisons ci-dessous in extenso, moyennant trois petites corrections de pure forme.

 

 

Sonam Tsering, un Manpa (médecin traditionnel), présente aux étudiants les herbes médicinales destinées au bain Lum, tel qu’il est consigné dans le thangka médical Gyud zhi (Les Quatre Tantras) (*)
Sonam Tsering, un Manpa (médecin traditionnel), présente aux étudiants les herbes médicinales destinées au bain Lum, tel qu’il est consigné dans le thangka médical Gyud zhi (Les Quatre Tantras) (*)

 

Le bain traditionnel tibétain à des fins médicales a été inscrit sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO le 28 novembre.

Cette pratique, officiellement connue sous le nom de bain thérapeutique Lum de Sowa Rigpa, connaissances et pratiques concernant la vie, la santé et la prévention et le traitement des maladies du peuple tibétain en Chine, a obtenu ce statut lors de la 13e session du Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, actuellement en cours à Port Louis, à l’Ile Maurice. C’est la 40e entrée de la Chine sur la liste.

En tibétain, le mot « Lum » indique les connaissances et les pratiques traditionnelles consistant à se baigner dans des sources chaudes naturelles, de l’eau végétale ou de la vapeur pour ajuster l’équilibre du corps et de l’esprit, assurer la santé et traiter les maladies.

Des étudiants du Collège de médecine traditionnelle tibétaine lisent le Gyud zhi (Les Quatre Tantras) à Lhassa, capitale de la région autonome du Tibet (sud-ouest de la Chine).
Des étudiants du Collège de médecine traditionnelle tibétaine lisent le Gyud zhi (Les Quatre Tantras) à Lhassa, capitale de la région autonome du Tibet (sud-ouest de la Chine).

 

Il reflète les expériences folkloriques et les anciens classiques de la médecine. Parmi ses praticiens figurent des agriculteurs, des gardiens de troupeaux et des citadins, le Manpa (médecin), le Lum Jorkhan (pharmacien) et le Manyok (assistant) ayant quant à eux chacun des responsabilités particulières dans la pratique.

Le bain Lum fait partie du patrimoine de la région autonome du Tibet, ainsi que de certaines zones des provinces du Qinghai, du Sichuan, du Yunnan et du Gansu habitées par des Tibétains. Le Lum inclut également l’astrologie, les rituels, les croyances religieuses traditionnels du Tibet et de nombreux autres aspects de la vie quotidienne.

Cette forme de bain est également largement mentionnée dans le folklore, les épopées, les drames, les peintures, les sculptures et autres formes d’art.

En Chine même, certaines parties de cette pratique sont devenues un patrimoine culturel immatériel national en 2008 et 2014, respectivement.

En 2015, un plan spécial a également été conjointement élaboré par le centre national de protection du patrimoine culturel immatériel et le département culturel de la région autonome du Tibet, afin de guider la protection du bain Lum parmi les communautés locales.

De nombreuses méthodes ont été utilisées pour le préserver, telles que la création d’une base de données pertinente, la promotion de ses connaissances par le biais de manuels scolaires et la multiplication des programmes de formation médicale destinés aux résidents locaux.

 

(*) Note de la rédaction de tibetdoc : Pour préparer ce bain là où les sources chaudes naturelles font défaut, on fait chauffer de l’eau avec des herbes médicinales dans de grandes marmites avant de la transporter à travers des tuyaux dans les baignoires des patients.