Tseten Namgyal, un célèbre peintre de thangkas

par Jean-Paul Desimpelaere, le 15 juin 2010

Dans une interview, le célèbre peintre de thangkas, Tseten Namgyal, raconte son enfance dans une famille paysanne du Tibet.

 

Il naquit en 1960, le quatrième d’une famille de neuf enfants. Après trois sœurs plus âgées, il est le fils aîné d’une famille d’agriculteurs. Il vivait avec sa famille dans le district de Lhundrup, à environ 60 km au Nord de Lhassa. Tseten Namgyal est né après la date prévue pour l’accouchement, c’est pourquoi ses parents l’ont appelé : « Tseten », c’est-à-dire « prudent », et « Namgyal » pour « victoire ».


En tant qu’aîné, il dut s’occuper de ses quatre jeunes frères. Lorsqu’il a atteint ses 10 ans (en 1970), il a eu la chance d’apprendre à écrire le tibétain dans une petite école primaire de l’état Mais il a du l'abandonner rapidement car il devait mener les troupeaux des autres agriculteurs du village dans les pâturages afin de subvenir aux besoins de sa famille. Les neuf enfants dormaient ensemble dans une petite chambre, ils partageaient une peau de vache comme couverture pour deux enfants.

Les repas se composaient invariablement de la tsampa (bouillie de farine d’orge). Une pomme de terre rôtie était un festin. A 15 ans, il est devenu chauffeur de camion et a travaillé pour la commune. Il avait un salaire mensuel de 2,3 euros, auquel s'ajoutait 15 kg de tsampa et un demi kilo de beurre de yack.


Peu après 1975, le système des communes fût aboli et il a perdu son emploi. Sa famille s'est retrouvée dans une situation assez précaire et, de ce fait, ses quatre plus jeunes frères ont été envoyés à un monastère pour diminuer les frais.

Tseten Namgyal apprit le métier de menuisier, et comme il prenait plaisir à décorer les meubles qu’il fabriquait par de magnifiques peintures, il fut invité dans plusieurs familles pour décorer leurs meubles. Petit à petit, il gagna de l’argent et, un jour, il put donner 60 euros d’un coup à son père.

Celui-ci était tellement surpris qu'il n’a pas arrêté de compter les 600 billets toute la soirée. De la plus pauvre du district, la famille devint une des plus en vue en quelques années.


À partir des années 1980, Tseten Namgyal devint l’élève d’un grand maître de thangkas grâce à son talent et sa persévérance. A présent, il est devenu un artiste reconnu au Tibet et il a ouvert sa propre école à Lhassa. Les élèves ne paient pas l’école. Hormis les techniques de peinture, ils y apprennent aussi le chinois et l’anglais, tandis que la langue tibétaine a été remise à l’honneur dans l’enseignement de base depuis 1980.

peinture sur panneaux de bois, décoration d'intérieur traditionnelle au Tibet  (photo JPDes. 2007)
peinture sur panneaux de bois, décoration d'intérieur traditionnelle au Tibet (photo JPDes. 2007)