Le bouddhisme tibétain sous contrôle
par Elisabeth Martens, le 15 mars 2009
Les monastères bouddhistes, en raison du triple pouvoir que le haut clergé s’est octroyé pendant un millénaire (pouvoir moral, économique et politique), puis de son alliance avec les puissances occidentales (Etats-Unis en tête), ont été le théâtre de maintes émeutes séparatistes qui ont secoué le Tibet depuis le milieu des années cinquante. Il est dès lors compréhensible que le gouvernement chinois veuille renforcer son contrôle sur les activités des lamas et des monastères bouddhistes au Tibet.
Chaque monastère doit élire un comité de direction qui corresponde avec les autorités locales, qui elles répondront des activités bouddhistes aux autorités centrales. Il est du rôle du comité de direction des monastères de veiller à ce que les lois soient suivies : déclarer les revenus du monastère, ne pas engager d’enfants de moins de 14 ans, ne pas enrôler des travailleurs extérieurs « en noir », ne pas organiser des réunions ou des manifestations à caractère politique, etc. Par ailleurs, des cycles de cours d’histoire ont été imposés aux lamas en vue de contrer le séparatisme. Ces cours que chez nous, on aura vite fait de nommer des « sessions d’endoctrinement et de patriotisme chinois » sont remis au programme après chaque nouvelle émeute… là, on ne peut que constater la « naïveté » du gouvernement chinois ! Mais que répondre à la pression internationale qui rend impossible la moindre ouverture ?
Pour conclure, je voudrais rappeler que chez nous, si nous parlons de "séparation de l’Eglise et de l’Etat", c’est parce que nous estimons que la religion chrétienne a fait suffisamment de dégâts dans la gestion publique, entre autre à travers l’enseignement (ce qui n’est d’ailleurs pas fini ). En Chine, on ne parle pas de "séparation de l’Eglise et de l’Etat", car l’Etat chinois a depuis fort longtemps choisi de contrôler les religions de la Chine, justement en vue de limiter les dégâts publics que les religions causent inévitablement. En réalité, notre but est le même : ne pas nous faire manipuler par le pouvoir religieux. Alors, pour quelle raison nous méfions-nous du contrôle que la Chine exerce sur ses religions, et plus spécialement lorsqu’il s’agit du bouddhisme tibétain, sinon pour des raisons politiques inavouées et inavouables ? Dans notre logique de séparation du temporel et du spirituel, nous devrions être fort content que la Chine limite le pouvoir du religieux sur le domaine public !