Traduire le "kalachakra" en dialectes tibétains
par Jean-Paul Desimpelaere, le 30 mars 2007
En janvier dernier, le 14e dalaï-lama déclarait qu’ il serait « fort utile de traduire les rituels du kalachakra dans les dialectes de l'Amdo et du Kham » (voir ICT, janvier 2006).
Cette déclaration signifie au moins deux choses : premièrement, que les populations du Kham et de l'Amdo parlent un dialecte local et que le dalaï-lama reconnaît que ces langues sont encore des langues vivantes actuellement. Et deuxièmement, que ces populations sont appelées à rejoindre la « guerre sainte » du bouddhisme tibétain, guerre décrite dans le « Tantra de Kalachakra » ou « Texte sacré de la Roue du temps ».
Cette « guerre sainte » connaît une version « soft ». Il s'agit alors de combattre nos ennemis intérieurs. Ceux-ci sont multiples, mais finalement se résument en un ego tellement imposant qu'il nous empêche d'atteindre le Royaume de Shambala (le « paradis » du bouddhisme tibétain). Mais la « guerre du Kalachakra » connaît aussi une version « hard », les disciples du Bouddha y sont appelés à devenir ses « guerriers apocalyptiques » chargés de défendre le dharma (l'enseignement du Bouddha) contre les influences extérieures perverses : celles apportées par l'Islam, le Christianisme et le Judaïsme principalement, mais aussi par toutes les formes de croyances autre que le bouddhisme tantrique.
Le tantra de Kalachakra est un texte sacré et un rituel du bouddhisme tibétain fort apprécié par le 14ème dalaï-lama. Il organise régulièrement des cérémonies d'initiation au Tantra de Kalachakra dans différents pays du monde. On n'est donc pas étonné qu'il pense remmettre à l'honneur ce Tantra prêchant une « guerre sainte » dans les régions habitées par de nombreux Tibétains, au Qinghai (l'ancienne région de l'Amdo fait partie de l'actuelle province du Qinghai) et au Sichuan (l'ancien Kham fait partie de l'actuelle province du Sichuan). Qu'y a-t-il de plus efficace que la religion pour diviser les peuples ?