Intégristes ouïghours : l’Occident joue avec le feu
Entretien avec Maxime Vivas réalisé par Angélique Schaller pour "La Marseillaise", le 16 février 2021
Auteur, ancien référent littéraire d’Attac, Maxime Vivas se présente également comme un cyberjournaliste, mais tâtant également du terrain puisqu’il s’est rendu deux fois dans le Xinjiang où se trouvent les Ouïghours, objet de son dernier livre "Ouïghours : pour en finir avec les fake news" paru aux éditions de la Route de la soie.
Destructions de lieux du culte, arrestations, camps de concentration, tortures, mutilations des enfants, viols, disparitions, exécutions, génocide… Les accusations contre la Chine au sujet des Ouïghours sont légion dans les médias dominants. Mensonges rétorque Maxime Vivas qui vient de publier "Ouïghours : pour en finir avec les fake news" aux éditions de la Route de la soie.
La Marseillaise : Des médias et des intellectuels accusent la Chine de génocide avec les Ouïghours. Vous sortez un livre où vous réfutez cela. Tout d’abord en vérifiant les accusations. Des exemples de ce que vous trouvé ?
Maxime Vivas : Je veux juste préciser quec’est en France, en Europe… Mais pas dans le reste du monde. Quand l’Allemagne veut faire adopter une motion à l’ONU pour faire condamner la Chine, 39 pays sur 193 la votent. Les choses ailleurs sont un peu plus nuancées. Qu’est-ce que j’ai trouvé ? Tout d’abord des mensonges, j’en cite beaucoup dans mon livre. Des images et vidéos qui circulent mais dont la légende est fausse, des photos prises au Népal, en
Indonésie… sous lesquelles on affirme que cela se passe au Xinjiang. Mais il existe désormais une application qui s’appelle InVID (In Video Veritas) et qui permet de voir où et quand une photo a été publiée pour la première fois.
On a ainsi une photo où on voit une malheureuse Ouïghoure, le visage ensanglanté, la main accrochée à une chaise et un méchant tortionnaire Han qui lui arrache les ongles. Cette photo vient d’une vidéo tournée en 2004 à Chicago en studio avec une actrice. Ou encore une photo satellite « montrant » des camps de concentration au Xinjiang. Mais les manipulateurs n’ont pas enlevé les coordonnées de longitude et latitude. Et, en cherchant, on voit que cela correspond à un bâtiment administratif. Et je donne beaucoup d’autres exemples de ce type dans mon livre.
Pourquoi cette manipulation, qui est derrière cela ? Pourquoi c’est repris ?
M.V. : C’est repris essentiellement par les médias occidentaux et atlantistes : une minorité dans le monde. Qui est derrière ? Je vais frôler le risque d’accusation de complotisme. Ce sont les ÉtatsUnis. Pourquoi ? Parce qu’ils sont inquiets de la puissance montante de la Chine et notamment son projet pharaonique de route de la soie qui va impliquer 143pays dans le monde. Les États-Unis voient bien qu’ils perdent du terrain. Comment font-ils pour freiner cette progression ? Trois armes sont possibles. La guerre, mais la Chine est bien armée et a l’arme nucléaire. L’arme commerciale ? Des représailles ont été tentées mais les Chinois sont en capacité de répondre et prendre des contre-mesures. Reste l’arme de la propagande. Et là, les Américains sont des champions. Ils l’ont déjà démontré par le passé. Leur but est de disqualifier les Chinois. Dans mon livre, je montre en donnant les références pour aller vérifier comment la CIA est derrière les principaux organes d’information ou plutôt de désinformation sur les Ouïghours.
Qu’est-ce que cela dit de la position de la France ?
M.V. : La France comme l’Europe collent aux positions des États-Unis. Ce qui est une grosse erreur car nous ne sommes pas en compétition. On aurait plutôt intérêt à signer des accords commerciaux, à regarder comment s’inscrire dans le projet de la route de la soie. La Chine ne nous a jamais attaqués. Ce n’est pas un pays belliciste. C’est un pays qui veut se développer. L’objectif affiché par Xi Jinping est de créer une société de moyenne aisance. Si le PIB global est élevé, celui par habitant est encore faible et il y a encore une importante marge de progression.
Vous dites aussi que la Chine est en train de se battre contre les intégristes islamistes et que les puissances occidentales jouent avec le feu ?
M.V. : Le terrorisme ouïghour en Chine est une réalité. Actuellement il y a plus d’un millier de Ouïghours qui combattent avec Daech en Syrie. Il y a eu 22 Ouïghours dans le bagne de Guantanamo, arrêtés par les Américains car ils intervenaient déjà avec les islamistes en Irak. Le Xinjiang a une frontière avec l’Afghanistan et une avec le Pakistan où les extrémistes vont se former puis reviennent commettre des attentats. Les attentats meurtriers en Chine sont une réalité. Les autorités chinoises parlent d’une lutte contre « trois fléaux » : séparatisme, fondamentalisme et terrorisme. S’ils perdaient ce combat, on aurait un territoire équivalent à trois fois la France qui deviendrait un califat. L’enjeu est crucial : il s’agit d’éviter que naisse une nouvelle théocratie. Je ne dis pas que les Chinois ont toutes les qualités, qu’ils luttent contre ce fléau avec délicatesse. Je ne suis pas pro-Chine. Je ne nie pas l’existence de camps en Chine, les Chinois eux-mêmes le reconnaissent, les appelant « centres de formation » pour apprendre un métier, une langue... Il y a aussi des prisons avec des prisonniers de droit commun, des contrôles des déplacements très rigoureux de la population existent. Je l’ai vu. Je le raconte dans mon livre. On peut dire que la Chine a une politique plus que vigoureuse pour éradiquer l’extrémisme mais ce n’est pas la peine de mentir : ce n’est pas vrai qu’on stérilise les femmes, qu’on prélève les organes des enfants… Tout cela, c’est un vrai délire. Les Occidentaux jouent avec le feu avec les intégristes ouïghours comme ils l’ont fait au Moyen-Orient dans le passé.
URL de l'article: https://www.legrandsoir.info/integristes-ouighours-l-occident-joue-avec-le-feu.html