Les Divagations des antichinois en France (14-03-2022)

« Le péril jaune » ! Cette expression, née à la fin du xixe siècle, a fait florès dans les milieux politiques, médiatiques, littéraires de l’époque. Elle exprimait en trois mots la terreur de l’Occident à l’annonce de prochaines invasions par des hordes asiatiques, féroces et insondables.

En ce début de xxie siècle, la Chine, pacifique concurrent économique, ne menace pas la France militairement. Elle recherche au contraire son amitié. Si quelques navires de guerre français patrouillent en mer de Chine, nul soldat chinois n‘approche nos côtes.

Pourtant, un volumineux rapport (654 pages), diffusé en octobre 2021 par l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (IRSEM, qui compte cinquante « chercheurs » et un relais de l’OTAN, officier supérieur de l’armée des États-Unis) alerte sur les « machiavéliennes » opérations de la Chine et sur ses complices Français, nommément dénoncés selon la méthode de McCarthy.

 

Le rapport, où grouillent les erreurs, les contradictions et les fake news, est un acte d’allégeance de notre défense nationale à la politique étrangère des États-Unis et à son armée.

Il prépare une guerre.

Ce livre ne donne pas en exemple le système politique et économique chinois (ce n’est pas le sujet). Il n’est pas prochinois, il est pro-vérité. Il est un contre-rapport compact qui plaide pour l’amitié entre les peuples, pour l’indépendance de la France et pour la paix.

Maxime Vivas est l’auteur de plusieurs livres sur la Chine (Ouïghours, pour en finir avec les « fake news », Dalaï Lama pas si zen). Jean-Pierre Page est ancien responsable du Département international de la CGT. Aymeric Monville a écrit divers essais de philosophie politique. Tous trois sont, avec d’autres complices, coresponsables – mais pas coupables ! – du livre La Chine sans œillères, publié en 2021 aux éditions Delga et qui n’a pas manqué de retenir l’attention de l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire. Cet ouvrage s’honore d’une préface du contre-amiral Claude Gaucherand, officier de la légion d’honneur.

 

https://editionsdelga.fr/produit/les-divagations-des-antichinois-en-france/

 

Le livre *Les Divagations des antichinois en France* de Maxime Vivas, Jean-Pierre Page et Aymeric Monville est une réponse critique à un rapport de l'Institut de recherche stratégique de l'École militaire (IRSEM) publié en octobre 2021, qui mettait en garde contre l'influence chinoise en France. Les auteurs contestent la validité de ce rapport, qu'ils jugent alarmiste, truffé de contradictions et de fausses informations. Leur ouvrage vise à déconstruire les préjugés et les accusations portées contre la Chine, tout en plaidant pour une politique étrangère française indépendante et orientée vers la paix.

### Contexte historique et contemporain de la perception de la Chine en France

Les auteurs débutent leur analyse en retraçant les origines historiques de la méfiance occidentale envers la Chine. Ils évoquent le concept du "péril jaune", apparu à la fin du XIXe siècle, qui a longtemps alimenté la peur d'une menace asiatique pesant sur l'Occident. Ce concept, largement relayé par les milieux politiques, médiatiques et littéraires de l'époque, symbolisait la crainte d'une invasion de la civilisation occidentale par des "hordes asiatiques". Bien que cette perception ait évolué avec le temps, les auteurs estiment que certains préjugés persistent encore aujourd'hui sous de nouvelles formes.

En ce début de XXIe siècle, la Chine est devenue une puissance économique de premier plan. Contrairement aux représentations de menace militaire, les auteurs rappellent que la Chine n'a jamais manifesté d'intentions agressives envers la France. Au contraire, elle cherche à nouer des relations amicales et à coopérer économiquement avec les pays européens. Ils pointent du doigt la présence de navires français en mer de Chine, alors qu'aucun soldat chinois ne menace les côtes françaises, ce qui, selon eux, illustre le décalage entre la réalité et la perception de la menace chinoise.

### Critique du rapport de l’IRSEM : un récit biaisé et partisan

L'ouvrage se concentre sur une critique minutieuse du rapport de l'IRSEM, long de 654 pages. Selon les auteurs, ce rapport, rédigé par une cinquantaine de chercheurs sous l'égide de l'OTAN, s’inscrit dans une stratégie plus large de la politique étrangère américaine visant à contenir l'influence chinoise. Ils dénoncent ce qu'ils considèrent comme une approche néo-maccarthyste : le rapport accuse des personnalités et organisations françaises de complicité avec la Chine, une méthode que les auteurs jugent calomnieuse et déloyale.

Les auteurs critiquent également les nombreuses erreurs et approximations contenues dans le rapport, le qualifiant de « pamphlet antichinois » plutôt que de véritable étude académique. Ils mettent en lumière les contradictions internes du rapport, notamment sa tendance à exagérer l'influence chinoise tout en négligeant les aspects positifs des échanges bilatéraux sino-français. Selon eux, le rapport est un prétexte pour justifier une posture militariste de la France et préparer une confrontation stratégique avec la Chine, alignant ainsi la politique de défense française sur celle des États-Unis.

### Une alternative à la diabolisation de la Chine : plaidoyer pour la paix et l'indépendance

Vivas, Page et Monville cherchent à proposer une vision alternative, qu'ils qualifient de "pro-vérité" plutôt que pro-chinoise. Ils s'insurgent contre la diabolisation systématique de la Chine et appellent à une approche plus équilibrée, fondée sur le dialogue et la coopération entre les peuples. L’objectif du livre n’est pas de défendre le système politique ou économique chinois, mais plutôt de souligner l'importance de maintenir une diplomatie indépendante qui ne soit pas subordonnée aux intérêts américains.

Le livre plaide pour que la France retrouve son autonomie dans la gestion de ses relations internationales, en rejetant les logiques de blocs et les politiques de confrontation. Pour les auteurs, une politique d’amitié avec la Chine permettrait de garantir la paix et de favoriser les échanges culturels et économiques mutuellement bénéfiques. Ils mettent en avant la nécessité de bâtir des ponts entre les nations plutôt que de se laisser entraîner dans une logique de rivalité et de suspicion.

### Réflexions sur les enjeux de la propagande et de la désinformation

Les auteurs s'intéressent également à la manière dont la propagande influence la perception de la Chine en France. Ils dénoncent le rôle de certains médias français dans la diffusion de stéréotypes négatifs à l'égard de la Chine, ce qui, selon eux, contribue à alimenter une atmosphère de méfiance et de rejet. Le livre questionne la manière dont l’information est manipulée pour servir des intérêts géopolitiques, soulignant le manque de nuance et de recul dans le traitement des questions internationales.

Ils insistent sur la nécessité de remettre en question les récits dominants et d'analyser les faits avec une approche critique et indépendante. En ce sens, leur ouvrage se veut une réponse aux discours simplistes sur la Chine, proposant de réfléchir aux intérêts qui sous-tendent la production et la diffusion de telles analyses.

### Conclusion : un appel à la vigilance et au dialogue

En conclusion, *Les Divagations des antichinois en France* se présente comme une critique vigoureuse de la tendance à diaboliser la Chine dans le débat public français. Maxime Vivas, Jean-Pierre Page et Aymeric Monville appellent à une réévaluation des relations franco-chinoises, en rejetant les préjugés et les discours alarmistes au profit d'une approche plus mesurée et orientée vers la coopération. Pour les auteurs, il est essentiel de se méfier des stratégies de désinformation et de manipulation de l’opinion publique, afin de favoriser un climat de paix et de dialogue international. Leur ouvrage se veut une contribution à la défense de la souveraineté de la France et à la promotion d'un monde multipolaire, où le respect mutuel et la recherche de la vérité priment sur les logiques de confrontation.