Tournage du nouveau film de Pema Tseden
par Elisabeth Martens, le 29 juillet 2015
Le septième art fait figure de parent pauvre parmi les disciplines artistiques du Tibet. Pourtant cette dernière décennie voit apparaître un petit noyau de quelques cinéastes qui ont rapidement fait partie des 50 meilleurs réalisateurs de moins de 50 ans dans le monde. Avec Pema Tseden (ou Wanma Caidan, en chinois), le septième art n'est plus en reste au Tibet...
Le cinquième film de Pema Tseden (ou Wanma Caidan, en chinois) est en route. Après un court métrage signant la fin de ses études ("Grassland"), suivi de quatre longs métrages :
"Le silence des pierres Mani",
"A la recherche de Drimé Kunden",
"Le vieux chien" ,
"La flèche sacrée",
le réalisateur tibétain qu'on nomme déjà le "pionnier du cinéma tibétain" revient à nouveau à ses racines : les vastes étendues du Qinghai, son village natal de Zuona, les problèmes de survie de la population rurale.
Dans ce dernier film, il met en scène un berger solitaire, nommé Taluo, qui est doté d'une fabuleuse mémoire, mais qui ne saura comment réagir quand il se verra confronté à l'administration et à d'improbables papiers d'identité.
Les thèmes favoris de Tseden y sont passés au peigne fin: qu'en est-il des traditions tibétaines et de la vie rurale lorsque le quotidien est submergé par le consumérisme moderne et par une bureaucratie sans âme?
Tseden se sent déchiré entre deux mondes: d'une part, la modernité s'installe et personne n'y échappe, qu'elle vienne de l'Est ou de l'Ouest, peu importe, elle emporte tout sur son passage. D'autre part, il voit sa culture menacée de disparition en raison de cette modernisation galoppante. En R.A.T., la plupart de ses contemporains sont assaillis par ces sentiments ambivalents, et Tseden n'hésite pas à inscrire ses réalisations dans cette atmosphère tendue car il a pour but de raconter les histoires réelles des Tibétains et non de nous donner du Tibet une image idyllique ou romantisée.
début du tournage de « Taluo » (2015)