La peinture des Tangkas, un art bien vivant
par Vickie Minguet dans "Chine actuelle", février 2014
La peinture des Tangkas est un art traditionnel et sacré encore bien vivant chez les jeunes Tibétains...
La peinture de Tangkas est un ancien art tibétain, importé au Tibet suite au mariage entre la princesse népalaise Bhirkuti et Sron Tsan Gampo, il y a près de 13 siècles.
Tangka signifie "qui se déroule". Il se peint sur une toile de coton ou de soie qui peut se dérouler. Les Tangkas sont portatifs, ou monumentaux lorsqu’ils sont destinés à être exposés sur des pentes montagneuses ou des murs érigé à cet effet à l’occasion des fêtes bouddhiques, comme celle du « bouddha se séchant au soleil ».
C’est un art symbolique, mystique, un support à la méditation ; ils représentent invariablement des divinités bouddhistes. L’influence chinoise sur la peinture tibétaine s’est manifestée à partir du XIIIe siècle. Les Chinois ont enseigné aux Tibétains l’art de représenter la nature, la façon de traiter les paysages, mais aujourd’hui les jeunes générations redécouvrent leur peinture sacrée.
Xialu Wangdui est parmi ceux qui continuent à faire vivre cet art traditionnel. Au coin de la célèbre rue du Barkor à Lhassa, il y tient une boutique de Tangkas.
Ce peintre a débuté son apprentissage à 12 ans dans un monastère. A l’époque, son maître lui a appris les différentes techniques de l’art religieux. De ses souvenirs d’étudiant, il se rappelle ce que son maître lui recommandait : "La première étape est d’apprendre à peindre le portrait de Sakyamuni". Son maître avait de nombreux élèves, mais Wangdui était plus rapide que les autres apprentis, il a achevé la première étape en tout juste un mois. " Mon maître était fier de ma peinture, il avait une haute opinion de moi" , dit-il sereinement.
Le temps a passé... Après dix ans d’apprentissage aux côtés de son maître, Wangdui a décroché son diplôme. Aujourd’hui, il possède sa propre boutique de Tangkas et travaille avec 13 apprentis.
Wangdui insiste sur l’aspect traditionnel de la peinture des Tangkas. Ce sont des créations issues de visualisations, une pratique méditative bien connue des bouddhistes. "Je suis un héritier de cette culture ancestrale et la transmettre est important pour en faire bénéficier le peuple", dit-il à juste titre.
"Quand j’ai appris la peinture des Tangkas, le plus important était de me souvenir des nombres, car largeur et hauteur doivent être identiques. Seulement après cette étape, l’apprenti peut toucher aux pigments. Le coloriage est la dernière étape. La partie la plus difficile est de colorier les yeux du bouddha. Cela doit être réalisé par des peintres expérimentés. Comme le veut la tradition, les pigments proviennent de minéraux très denses ayant chacun leur poids ; c’est ce qui donne la couleur spécifique de la pierre d’origine qui ne s’efface pas avec le temps".
A présent, Wangdui, l’ancien apprenti est devenu maître à son tour. En plus du travail dans sa boutique avec ses apprentis, il enseigne à plus d’une vingtaine d’élèves dans une école de Lhassa.
Chaque année depuis 2001, l’Université du Tibet recrute au moins un étudiant diplômé du département des Tangkas qui, lui-même, prendra de nouveaux étudiants en charge. Sur le campus ou en boutique, cette tradition restera vivante tant que jeunes et anciens peindront leurs dieux avec leur cœur et leur âme.