Réponses de la Chine face au terrorisme
par Elisabeth Martens, le 28 janvier 2025
« Le gouvernement chinois n'est pas en guerre contre les musulmans ou contre les Ouïgours, il lutte contre le terrorisme qui pénètre le pays à travers ces frontières. Le Xinjiang est le lieu de passage des terroristes qui font le va et vient vers le Moyen Orient, et qui, au retour peuvent aller jusqu'en Indonésie », déclarait la directrice adjointe du Ministère des Affaires étrangères chinois à Madame Bachelet lors de sa visite au Xinjiang en 2022. Il en est ainsi, le gouvernement chinois ne combat pas les Ouïghours, il les défend, comme il défend l’ensemble de la population chinoise. Intégrer le développement du Xinjiang au développement économique global du pays garantit le maintien de son unité, cela assure sa stabilité et son harmonie sociale.

Depuis les attentats qui ont détruit les Tours jumelles en 2001, la réponse des gouvernements occidentaux face à l'extrémisme islamique et au terrorisme a été majoritairement militaire. Les États-Unis ont déployé leurs armes, plusieurs guerres ont suivis les attentats du 11 septembre : Afghanistan, Irak, Syrie, etc. Ces guerres par procuration ont déjà fait des centaines de millions de morts, et l'OTAN ne fait qu'accroître le budget de la défense.
La méthode chinoise est très différente. Tant que c'est possible, elle évite les guerres et les massacres. Par contre, la sévérité des contrôles et des mesures pour maintenir la stabilité et pour prévenir toute agitation sociale sont drastiques. C'est un aspect de la lutte chinoise contre le terrorisme qui ne manque pas de nous déranger. Même les Chinois le disent : « quand le pouvoir central ordonne de couper des cheveux, les autorités locales s'empressent parfois de couper des têtes ». Il est certain qu'il y eut de l'exagération dans le processus de dé-radicalisation, pourtant on ne peut que constater que depuis 2019, il n'y a plus eu d'attentats terroristes sur le sol chinois.
Avec la campagne « Strike Hard » lancée en 2014, les contrôles se sont drastiquement renforcés dans toute la région du Xinjiang, les restrictions se sont intensifiées d'année en année. Tous les travailleurs intermittents et saisonniers ont eu l'obligation de se signaler au poste de police dès leur arrivée. Là, ils sont évalués et s'ils reçoivent un avis négatif, ils ne sont pas embauchés et sont renvoyés d'où ils viennent. C'est surtout le cas pour les saisonniers venant des pays limitrophes car c'est parmi eux que le passage des frontières se pratique le plus.
La communication a été facilitée avec l'arrivée des réseaux sociaux. De nombreuses infrastructures pour renforcer la sécurité ont été installées, des caméras de surveillance, des logiciels de sécurité, etc. Des agents de sécurité supplémentaires ont été engagés, ils ont dû suivre des formations spéciales. Dans les villes, la police et les agents de sécurité ont été drillés pour arriver sur place en une ou deux minutes après avoir reçu une alerte. Des panneaux ont été placés partout en rue indiquant le numéro d'appel à contacter et les coordonnées exactes du lieu d'appel.
Une autre réponse de la Chine au terrorisme est d'avoir signé des accords avec les huit pays voisins du Xinjiang. Bien sûr, il s'agit principalement d'accords commerciaux dans le cadre des nouvelles Routes de la soie, mais pas uniquement. Il s'agit aussi d'accords concernant le contrôle des frontières, la recherche de poches djihadistes, la manière de mener les poursuites judiciaires des extrémistes arrêtés. Cela demande un matériel sophistiqué comme des batteries de caméras sur les routes ou des caméras à reconnaissance faciale dans les lieux publics. Une autre pratique courante de la police chinoise est la filature via la récolte de données personnelles sur les smartphones. Nos médias meanstream ne manquent pas de critiquer ce genre de méthodes, mais ils oublient que ces méthodes sont autant utilisées chez nous qu'en Chine. Notre matériel de surveillance, n'est-il pas « made in China » ?
Les centres de réhabilitation et de formation professionnelle
Les autorités chinoises luttent constamment contre les menaces internes et externes que représentent les extrémistes. Elles savent que les indépendantistes ouïgours se lient facilement aux groupes radicaux islamistes. Le maintien de l'ordre est leur priorité. Dans le « Livre Blanc sur la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme et la protection des droits humains au Xinjiang » publié en mars 2019, Pékin rappelle qu’en cinq ans, de 2014 à 2019, 13.000 terroristes ont été arrêtés et 30.000 personnes ont été sanctionnées.
Quand on parle de « sanctions », une distinction est faite entre le traitement infligé à ceux qui ont commis des crimes majeurs - attentats avec morts et blessés - et qui sont punis avec sévérité comme le prévoit la loi, et ceux qui ont commis des délits mineurs. Les délits mineurs peuvent aller de l'incitation à la haine, à la diffusion de vidéos extrémistes, ou à la participation à des actions violentes contre une ethnie ou une institution publique. Les émeutiers sont alors dirigés vers un centre de réhabilitation et de formation professionnelle. Nos organes médiatiques n'ont pas manqué de les pointer du doigt en parlant de « camps de concentration » ou « d'internement » faisant tourner en boucle des photos sur les réseaux sociaux. Ces photos, toujours les mêmes, sont des clichés de prisonniers de droits communs prêts à être transférés d'une prison à une autre.

Dans les centres de réhabilitation, les émeutiers suivent un programme d'étude dont la durée peut varier de quelques mois à plusieurs années suivant la gravité du délit commis. La première matière à maîtriser est la langue nationale, le chinois han, parlé et écrit. En parallèle, ils étudient leur propre langue, parlée et écrite. Puis viennent des cours sur la loi constitutionnelle dont le but est que les stagiaires distinguent clairement entre ce qui est un comportement criminel et ce qui ne l'est pas. Là-bas, on appelle cela un cours d'éducation politique. Chez nous, on parlerait d'un cours d'éducation civique. Dans une troisième phase, les stagiaires ont le choix entre plusieurs formations professionnelles. On les oriente selon leurs préférences et en fonction des possibilités du marché de travail local. Ils augmentent ainsi leur chance de trouver rapidement un emploi. Lorsqu'ils ont atteint leurs objectifs, ils reçoivent un certificat de fin d'études et sont assistés pour trouver un emploi. Ces centres de réhabilitation sont des internats semi-ouverts, cela signifie que les étudiants peuvent faire des visites régulières à leur famille et peuvent demander des permissions de sorties pour des affaires privées.
Voilà ce que la Chine a prévu pour rééduquer les indépendantistes ouïgours. La priorité est d'intégrer autant que possible les groupes de population qui posent problème à la vie économique locale, en essayant de les intéresser à la politique sociale et de les former à des métiers qui puissent améliorer leur niveau de vie. C'est ça qui se passe dans les camps de rééducation ou de réhabilitation. Les assimiler à des « camps de concentration » ou « d'internement » n'est qu'une manière médiocre qu'ont trouvés les médias pour construire le « récit des Ouïgours », un récit qui nous monte la tête contre la Chine en faisant vibrer nos émotions.
Mais si on y réfléchit bien, c'est autrement plus productif que la CIA qui offre des camps d’entraînement aux terroristes, et que le NED qui finance des groupes d'extrême droite, n'est-il pas ? Évidemment, le choix de la Chine n'est pas pour plaire à notre élite politique.
Amélioration foudroyante du niveau de vie
La Chine ne veut en aucun cas se laisser diviser au nom du sacro-saint « marché libre » imposés par les « Grands » de ce monde qui, eux, n’hésitent pas à se servir du discours nationaliste pour affaiblir leurs concurrents. Résister à l'ingérence occidentale notamment en prévenant les révolutions colorées (ou mouvements similaires) qui ont émergé dans d'autres régions du monde depuis le début du 21ème siècle reste la priorité de Pékin. Pour cela, l'unité du pays autour d'un « socialisme à la chinoise » est une condition sine qua non.
De manière pragmatique, le socialisme à la chinoise vise en premier lieu à améliorer les conditions de vie des régions les plus défavorisées. Les lointaines provinces de l'ouest le furent jusqu'à la fin du 20ème siècle, la Chine populaire ayant dû se reconstruire à l'abri des influences impérialistes. Puis ce fut le tour des lointaines provinces avec le plan de développement du « Grand ouest » qui date de la fin des années 1990 alors que le terrorisme sévissait déjà au Xinjiang. La clé de la réussite des politiques chinoises pour combattre le terrorisme, l'extrémisme religieux et le séparatisme a été avant tout le développement économique de la région.
La stratégie du Grand ouest prévoyait de diriger les investissements et la main-d’œuvre vers les provinces de l’intérieur de la Chine afin de réduire les inégalités entre l'est et l'ouest. La première décision prise pour le Xinjiang a été d'améliorer le niveau de vie de la population locale en développant les infrastructures. « Nous devons éliminer le terreau qui permet aux groupes extrémistes de recruter des gens, et ce terreau est la misère », a souligné le Président de l'Institut des États aux Frontières. Dans le « Livre blanc sur la lutte contre le terrorisme au Xinjiang » publié par le Bureau de l'information du Conseil des affaires d'État chinois en mars 2019, le gouvernement liste les efforts pour « assurer et améliorer le bien-être public » de la région.

Parmi ces efforts, entre 2016 et 2018, il y eut la création de 1,4 million de nouveaux emplois urbains et le transfert de 8,3 millions de travailleurs ruraux vers des nouvelles industries à forte intensité de main-d'œuvre. Ces millions d'emplois sont dus aux centres de formation professionnelle auxquels sont annexés les centres de réhabilitation pour les émeutiers ayant commis des délits terroristes mineurs. Les centres de formation professionnelle, comme celui que nous avons visité dans la région de Kashgar, n'accueillent pas que des émeutiers. Ils accueillent surtout des centaines de milliers d'étudiants qui, après leur cursus, ouvrent des startups en-dehors du secteur agricole. Ces petites et moyennes entreprises créent ainsi de nouveaux emplois dans le secteur tertiaire, comme dans l'informatique, la robotique, l'intelligence artificielle, les technologies vertes, les soins de santé, le sport, le tourisme, etc.
Puis, pour la période de 2018 à 2020, il y eut le transfert de 100.000 emplois vers le sud du Xinjiang afin de niveler le niveau de développement entre le nord, plus développé, et le sud. Il y eut aussi la création d'emplois pour 75.000 personnes issues de familles en situation d'extrême pauvreté. Il y eut encore la popularisation de l'enseignement obligatoire de neuf ans. Dans les zones urbaines et rurales du sud du Xinjiang, l'enseignement préscolaire de trois ans est gratuit. Au niveau des soins de santé, les bilans de santé sont gratuits, ainsi que la couverture complète de l'assurance contre les maladies graves et contre 15 autres maladies. Des services contractuels pour les maladies chroniques sont proposés aux populations rurales démunies. Le système de sécurité sociale a été amélioré et l'allocation de subsistance pour les citadins et les ruraux les plus pauvres a été élevée.
A-t-on mentionné chez nous que trois millions de ruraux du Xinjiang ont dépassé le seuil de pauvreté en 2020 ? A-t-on dit que de 2012 à 2022, le revenu disponible par habitant dans les villes du Xinjiang a quasi doublé, et que dans les régions rurales, pour la même période, le revenu a plus que doublé ? Grâce à une aide économique ciblée et injectée au Xinjiang par le gouvernement central depuis 1999, le PIB de la Région autonome n'a cessé de progresser. Déjà en hausse de 3,2 % en 2022, il l'était de 5,20 % en 2023.1
En peu de temps, le tourisme est devenu une industrie pilier du Xinjiang, il stimule les possibilités d'emploi et enrichit la vie de la population locale. Le nombre de visiteurs, essentiellement des Chinois han, est passé de 190 millions en 2021 à 250 millions en 2022, puis à 265 millions en 2023. Le revenu total apporté par le tourisme en 2023 était de 296 milliards de yuans. La Région autonome du Xinjiang est désormais une destination touristique de premier plan en Chine.

Par ailleurs, la Chine encourage la recherche scientifique et soutient l'innovation technologique de la région, notamment dans l'intelligence artificielle, les communications cryptées et les monnaies virtuelles. Ces nouvelles technologies sont popularisées en les appliquant aux formations professionnelles et au monde du travail.
Avec les nouvelles Routes de la soie (ou ICR, pour Initiative Ceinture et Route), les infrastructures routières et ferroviaires ont ouvert la région aux pays voisins. Le musée de l'urbanisme d'Urumuqi - dont la visite fait l'objet du prochain chapitre de ce livre - met en lumière les retombées économiques des nouvelles Routes de la soie sur la région. Mais l'ICR est également une arme à double tranchant puisqu'elle facilite les passages transfrontaliers des séparatistes ouïgours et des extrémistes islamistes. La lutte contre le terrorisme est le point d'ancrage de la sécurité et de la stabilité, la sécurité et la stabilité permettent le développement qui à son tour consolide la sécurité et la stabilité. Ce sont les deux faces d'une même médaille.
Le rush du développement économique qui a touché le Xinjiang a eu pour conséquence la fin de la pauvreté absolue en 2020. D'un autre côté, les habitants du Xinjiang semblent déboussolés par la rapidité des événements. Alors qu'ils n'ont été que des minorités ethniques de seconde zone pendant 60 ans, ils sont tout à coup propulsés sur la première marche du podium du développement économique chinois. C'est un peu « too much » pour eux. C'est l'impression que j'ai eue en me promenant dans les rues de Urumuqi, Kashgar et Kucha. Le gouvernement chinois compte sur les jeunes générations pour absorber ce séisme. Tant que les efforts sont focalisés sur les projets éducatifs et sur la création d'emplois, autant les jeunes que leurs parents sont rassurés.
« Le gouvernement chinois n'est pas en guerre contre les musulmans ou contre les Ouïgours, il lutte contre le terrorisme qui pénètre le pays à travers ces frontières. Le Xinjiang est le lieu de passage des terroristes qui font le va et vient vers le Moyen Orient, et qui, au retour peuvent aller jusqu'en Indonésie », déclarait la directrice adjointe du Ministère des Affaires étrangères chinois à Madame Bachelet lors de sa visite au Xinjiang en 2022. Il en est ainsi, le gouvernement chinois ne combat pas les Ouïghours, il les défend, comme il défend l’ensemble de la population chinoise. Intégrer le développement du Xinjiang au développement économique global du pays garantit le maintien de son unité, cela assure sa stabilité et son harmonie sociale.
Sources :
1 http://www.tibetdoc.org/index.php/xinjiang/economie/721-le-xinjiang-un-developpement-economique-sans-precedent