Le carbone noir affecte la durabilité de l'eau du plateau Qinghai-Tibet

par Élisabeth Martens, le 1 décembre 2022

Une étude récente menée par une équipe de recherche internationale montre que le carbone noir présent dans les aérosols a un impact sur le bilan hydrique du plateau du Qinghai-Tibet.

C'est une équipe de recherche de l'Institut de l'éco-environnement et des ressources du nord-ouest (NIEER) de l'Académie chinoise des sciences et des chercheurs d'autres instituts de Chine, de Suède et des États-Unis, qui ont réalisé cette étude en appliquant une analyse intégrative. Kang Shichang, chercheur du NIEER, fut responsable de l'étude dont les résultats ont été publiés dans la revue Nature Communications.

L'étude prouve que le carbone noir présent dans les aérosols peut réduire les précipitations sur le sud du plateau Qinghai-Tibet, ce qui diminue l'approvisionnement en eau du plateau. La réduction de l'approvisionnement en eau accélère le déficit de masse des glaciers, ce qui affectera à l'avenir le bilan hydrique du plateau et l'approvisionnement en eau des régions en aval. Or le plateau du Qinghai-Tibet alimente en eau de nombreux fleuves asiatiques.

Un aérosol est un ensemble de fines particules, solides ou liquides, en suspension dans l'air. Émis par les activités humaines ou naturelles (éruptions volcaniques ou incendies de forêt), les aérosols interviennent aussi à l'échelle planétaire et locale dans les phénomènes de pollution de l'air et d'allergies.

Il est essentiel de parvenir à déterminer précisément la nature des aérosols présents dans l’atmosphère, car ces particules ont un impact sur la santé et influent sur le bilan radiatif de la Terre et, par conséquent, sur la température en surface.

Les plus graves lacunes concernent les aérosols carbonés, or ce sont surtout eux qui influent sur le climat en raison de leur teneur en carbone noir. Ce dernier absorbe le rayonnement solaire de l'atmosphère et contribue ainsi à hausser la température. Selon Ramanathan et Carmichael (2008), le carbone noir serait, après le dioxyde de carbone, le facteur qui contribue le plus au réchauffement de la planète.

Le carbone noir est présent dans tous les aérosols carbonés. On regroupe sous le nom d'« aérosols carbonés », les aérosols constitués à partir de deux variétés chimiques différentes : des composés organiques mesurés en tant que carbone organique (OC) et le « carbone noir » (« Black Carbon » BC) ou suie, composé principalement de carbone graphitique et intégralement émis par les sources de combustion.

Dans les zones de fort rayonnement solaire, les concentrations élevées de carbone noir concourent à la formation de nuages bruns qui recouvrent de vastes régions du globe, en Asie notamment.

Le nuage brun d'Asie est un phénomène cyclique et annuel. Il s'agit d'un énorme nuage de pollution qui s'étend sur une surface allant de la mer Rouge à la Chine. Son épaisseur est de 3 kilomètres. Il obscurcit la surface de la Terre, réchauffe l’atmosphère et perturbe le cycle hydrologique, ce qui a un effet sur la mousson et sur les précipitations sur le sud du plateau Qinghai-Tibet.

Par ailleurs, le carbone noir présent dans la neige a un net impact sur le forçage radiatif total en absorbant une grande quantité de lumière solaire, comme le souligne Forster (2007) dans le quatrième Rapport d’évaluation publié par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). La couche qui recouvre la neige et la glace accélère la fonte des glaciers.

A l'avenir, ce double phénomène de carbone noir dans l'atmosphère et sur la glace peut réduire l’approvisionnement en eau dans les régions fortement peuplées situées en aval, (Inde, Bangladesh, Pakistan) mettant ces populations en péril en raison de sécheresses catastrophiques.

Vu les effets prononcés du carbone noir sur le climat régional et mondial, ainsi que sa courte durée de vie (une à deux semaines) comparativement au dioxyde de carbone, plusieurs spécialistes ont conclu qu’abaisser les émissions du carbone noir était le meilleur moyen de ralentir le réchauffement planétaire.

Tenter d’atténuer l’élévation des températures en réduisant les émissions de carbone noir exige de cibler toutes les sources importantes, en particulier dans les régions où ces émissions ont un effet prononcé sur le climat. C’est le cas des pays asiatiques dont l’économie est en rapide expansion, telles la Chine et l’Inde, qui sont responsables de 25 à 35 % des rejets mondiaux de carbone noir.

Sources:

https://mapecology.ma/actualites/carbone-noir-affecte-durabilite-de-leau-plateau-qinghai-tibet-chercheurs/

http://french.xinhuanet.com/20221209/c21e79ac87724bb19eab3fc65b8fb6f0/c.html

https://public.wmo.int/fr/bulletin/les-a%C3%A9rosols-carbon%C3%A9s-%E2%80%94-un-probl%C3%A8me-persistant

https://fr.wikipedia.org/wiki/A%C3%A9rosol#cite_ref-wmo_8-0

https://www.google.com/search?

https://www.futura-sciences.com/planete/definitions/climatologie-nuage-brun-asie-10040/