Mouvement de rattrapage du revenu des paysans Tibétains par rapport aux citadins
par Jean-Paul Desimpelaere, le 2 mai 2011
Comme dans de nombreux pays en voie de développement, les paysans Tibétains ne produisaient peu ou pas de surplus. Ce qu’ils cultivaient ou élevaient servait principalement à leur propre consommation. Par conséquent, une famille de paysans vendait peu et ne possédait pour ainsi dire pas d’argent. C’est pour cela que le revenu financier de la population rurale est encore considérablement inférieur à celui des citadins. Néanmoins, un mouvement de rattrapage est amorcé.
En 1990, une famille de paysans avait un revenu moyen huit fois inférieur à celui d’une famille vivant en ville. Vingt ans plus tard, en 2010, ce chiffre a été ramené à trois fois, mais il ne s’agit toujours pas de revenus élevés. Il est évidemment impossible de comparer avec nos revenus, mais il vaut quand même la peine de les mentionner, simplement pour avoir une idée : au Tibet, une famille paysanne gagne environ 1800 euros…par an ! Ceci équivaut au revenu moyen des paysans partout ailleurs en Chine. Heureusement, ils ne sont pas taxés sur ce revenu. A noter que dans l’ancien Tibet, antérieur aux réformes rurales (avant 1959), les paysans gagnaient des dizaines de fois moins et pourtant ils devaient payer des taxes, ceci pour entretenir l'élite cléricale et laïque.
Nous, touristes occidentaux au Tibet, devons leur sembler être des mines d’or : pour deux semaines de voyage sur place à deux personnes, on dépense plus que le revenu annuel d'une famille. Dans les agglomérations urbaines, les familles gagnent en moyenne trois fois plus, environ 5000 euros par an. Ils ont aussi tous un GSM, là les touristes ne font plus exception.
Mais les moyennes ne disent pas tout, évidemment. Il y a encore environ un demi-million de personnes au Tibet qui vivent sous le seuil de la pauvreté, soit 17 % de la population ! Il y a un an, le seuil de pauvreté était à 140 euros par an et par personne. Au fur et à mesure du développement et en tenant compte de l’espérance de vie qui augmente, le gouvernement élève ce revenu minimal. Cette année, il a été déterminé à 200 euros par an par personne (800 euros pour une famille de quatre personnes).
Les familles vivant sous ce seuil reçoivent une aide financière, éventuellement complétée en grains et en subsides à l’habitat ou à la construction. Dans les cinq années à venir, la Chine veut élever ces personnes au-dessus du seuil de pauvreté par divers moyens, surtout à l’aide de leviers économiques : la formation au travail et la création de nouveaux emplois.
En général, dans l’agriculture beaucoup de choses se sont améliorées ces vingt dernières années. Pour n’en citer que quelques-unes : une meilleure sélection des semences, une utilisation mieux dirigée et plus modérée de l’eau d’irrigation, une légère mécanisation (on voit déjà apparaître des moissonneuses-batteuses), un meilleur traitement après la récolte (rinçage, stockage, emballage pour transport vers la ville).
L’organisation du travail se déroule sur une base plus ou moins collective par village, mais les revenus sont distribués par famille et déterminés par le rendement de la terre qui leur a été désignée. Dans les cantons avec une production agricole mixte – l’orge, l’élevage bovin et les légumes en serre – la part de maraîchage représente déjà un cinquième de la valeur de production totale. Un mu (1/15ème d’hectare) avec des serres de légumes rapporte environ 450 euros par an. Pour un mu d’orge, le revenu est dix fois inférieur.