Les cartes truquées de Wikimedia
André Lacroix, le 6 septembre 2015
Sur le site Wikimedia Commons, on peut voir un jeu de cartes animées, permettant de visualiser, année par année, entre 1920 et 1945, la liste des pays faisant partie de la SDN (Société des Nations), l’ancêtre de l’ONU (Organisation des Nations unies). En bleu très foncé (presque noir) : les États membres ; en bleu plus clair : les colonies des membres ; en orange : les pays sous mandat ; en gris : les non-membres.
Cette présentation mériterait assurément d’être recommandée si elle n’était entachée d’une faute grossière. Sur les 26 cartes du jeu complet, le Tibet figure parmi les … colonies ! Pour rappel, même si, profitant des problèmes internes de la jeune république de Chine (seigneurs de la guerre, rivalité Nationalistes-Communistes, invasion japonaise), la Grande-Bretagne avait établi au Tibet une espèce de protectorat, jamais le Tibet n’a cessé, en droit, de faire partie de la Chine…
Mais, en fait d’État colonisateur, ce n’est sans doute pas à la Grande-Bretagne qu’ont pensé les auteurs des cartes, mais plus probablement à … la Chine elle-même dont les indépendantistes tibétains continuent à prétendre qu’elle … colonise le Tibet.
Cette interprétation se voit confirmée par le fait que les régions jouxtant ce qui est aujourd’hui la Région autonome du Tibet − à savoir le Qinghai + une frange du Gansu, du Sichuan et du Yunnan où vit une importante minorité de Tibétains − bénéficient sur ces cartes d’un traitement à part : elles y figurent en bleu foncé, strié de rayures bleu clair. Ainsi ces cartographes faussaires, non seulement s’arrangent pour dissocier le Tibet de la Chine, mais de plus ils reprennent à leur compte le mythe du « Grand Tibet » ou « Tibet historique », cher aux nostalgiques de Dharamsala.
En matière de message subliminal au service d’une publicité mensongère, on peut difficilement faire mieux.