Anciens dalaï-lamas peu appréciés
par Jean-Paul Desimpelaere, le 30 mars 2010
Le 14ème dalaï-lama ne porte pas tous ses prédécesseurs dans son cœur. Il a deux favoris, le 5ème et le 13ème qu'il qualifie de « grands dalaï-lamas » qui sont en accord avec le « Plan de Chenrezig pour établir un grand Tibet indépendant » (selon les interview de Laird). La plupart des autres sont décédés jeunes, voire très jeunes. Il y en a pourtant deux autres qui ont ont vécu un peu plus longtemps, mais qu’il ne porte pas dans son cœur.
Le 7ème dalaï-lama, Kalsang Gyatso (né en 1708, reconnu en 1720 et décédé en 1757) est l'un d'eux. La raison du peu de sympathie du 14ème envers le 7ème est simple : ce dernier 7ème a été intronisé par la dynastie des Qing dans le but d'écarter un « faux 6ème dalaï-lama » placé sur le trône par Lajang Khan, un seigneur de guerre mongol local. À cette époque, les Qing ont également refoulé les Dzoungares hors du Tibet. Les Dzoungares étaient un peuple de cavaliers turco-mongols de l’Ouest de la Chine. Pendant cette opération, les Qing ont placé le vrai 7ème dalaï-lama sous leur protection, dans le Sichuan occidental. En 1728, ils lui ont construit un monastère, le monastère Garthar Chode (Huiyuan en chinois), à proximité de la ville de Kanding. Comme l’usage le voulait, l’Empereur chinois de l’époque (Yongzheng, 1678-1735) fit don d’une tablette portant une calligraphie de sa main. Celle-ci trône toujours dans le temple principal. À ce jour, il y a quelques 300 moines qui résident au monastère, et environ 200 novices.
Le 14ème dalaï-lama n'a pas beaucoup de sympathie non plus pour le 8ème, Jampal Gyatso (né en 1758, reconnu en 1762 et décédé en 1804). Il est un des rares dalaï-lamas à ne pas être mort avant l’âge de majorité (hormis les 5ème, 7ème et 13ème dalaï-lamas). Le 8ème dalaï-lama dut faire face aux invasions Gurkha du Népal. Pour les repousser, il a fait appel aux armées de l’Empire chinois des Qing. De ce fait, il s'est allié avec les Qing. Ensemble, ils ont instauré le fameux « règlement en 29 points » pour administrer le Tibet, entre-autres que la réincarnation des grands lamas devait être validée par Pékin, ce qui a renforcé le contrôle de la Chine sur le Tibet. C’est à cela que le 14ème dalaï-lama n’aime pas faire allusion.
Note :
les sources de cet article viennent de Gyurme Dorje et HKCTP, janvier 2010.