La Chine, un facteur de paix et de développement
par Albert Ettinger, le 15 février 2025
Interrogé sur le site de Pascale Boniface à propos de son dernier livre sur la Chine, le journaliste Ali Laïdi a récemment averti son public : « C’est la coopération et le partage ou la guerre et l’anéantissement global et définitif. »

Malheureusement, le reste de son interview 1) ne témoigne pas de la même lucidité, surtout quand Laïdi appelle à lutter contre une prétendue intention de la Chine « d’imposer à tous sa façon de penser, de vivre, de se nourrir, de se vêtir », de « domestiquer l’humanité entière, de la fondre dans une seule et même culture afin de la mettre aux services de ses égoïstes intérêts. »
L’allégation du journaliste que la Chine voudrait « assujettir le monde » semble une pure projection. Où et quand la Chine aurait-elle laissé percevoir ou professé une telle intention ? Il est en tout cas indéniable que ce n’est pas la Chine qui cherche à imposer « à tous » sa langue, ses valeurs, son régime politique, ses lois, sa culture, sa mode, son interprétation de l’histoire. Les actions et les objectifs déclarés de la Chine sur la scène internationale sont à l’opposé de ce fantasme occidental. N’est -ce pas la Chine qui, loin de prôner un « choc des civilisations », plaide en faveur des « échanges entre les civilisations afin de promouvoir l'harmonie, l'intégration et le respect des différences. » 2)
Depuis ses premiers pas sur la scène internationale, les Cinq principes de la coexistence pacifique (respect mutuel de la souveraineté et de l’intégrité territoriale, non-agression, non-ingérence dans les affaires intérieures, égalité et bénéfice mutuel) se trouvent à la base de la politique extérieure de la Chine. Ces principes qui sont inscrits dans la constitution chinoise excluent l’ingérence dans les affaires intérieures des autres États, les opérations de changement de régime, les invasions et interventions armées, le chantage et les sanctions économiques illégales.
En adaptant ces principes datant du début des années 1950 à la situation actuelle, Xi Jinping, le président chinois, a appelé tous les États de la planète à créer une communauté mondiale à l'avenir partagé en construisant « des partenariats dans lesquels les pays se traitent d'égal à égal, s'engagent dans des consultations approfondies et renforcent la compréhension mutuelle. »
Il les a invités à « créer un environnement de sécurité caractérisé par l'équité, la justice, les efforts conjoints et les intérêts partagés » et plaidé en faveur d’un « développement ouvert, innovant et inclusif qui profite à tous ». Les BRICS, l’ICR (Initiative Ceinture et Route) et l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) sont construits selon ces principes. Ces organisations rassemblent des pays aux systèmes politiques et économiques différents et appartenant à des civilisations distinctes. Il ne s’agit pas d’alliances, mais de partenariats basés sur une coopération gagnant-gagnant.
La Chine défend le droit international et la Charte de l’ONU que l’Occident veut remplacer par un « ordre basé sur des règles » selon ses convenances du moment. Elle s’oppose à la politique des blocs et à la confrontation idéologique. Elle ne définit pas certains pays comme ses rivaux ou ses ennemis, à la différence des Occidentaux qui voient en elle un « rival stratégique » ou « systémique » et conçoivent sa rapide montée en puissance économique comme un défi pour leur « sécurité nationale ».
Avec les pays du Sud, la Chine partage la vision d’un ordre international plus juste et équitable. Comme eux, elle veut remplacer l’hégémonie US des trente dernières années ainsi que la suprématie occidentale héritée de l’époque coloniale par un nouveau monde multipolaire.
Notes :
2) Toutes les citations d’origine chinoise : https://www.mfa.gov.cn/eng/xw/zyxw/202407/t20240717_11455444.html et http://www.beltandroadforum.org/english/n101/2023/1010/c127-916.html