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Zhao Miao, les restes d'un temple tibétain à Pékin

par Jean-Paul Desimpelaere, le 12 février 2011

Le complexe religieux de Zhao Miao, ou « Temples de la Claire Lumière », à Pékin, va renaître de ses cendres, avec un budget alloué à la restauration de 5 millions d’euros. Que reste-t-il de ce complexe du bouddhisme tibétain ? Un imposant portique vernis, quelques beaux bas-reliefs, deux pagodes, une énorme stèle de pierre avec des inscriptions en quatre langues : mandchou, han, tibétain et mongol ... témoin silencieux et colossal d’un empire multiculturel.

le portique de Zhao Miao sur les collines de l'Ouest (photo JPDes. 2009)
le portique de Zhao Miao sur les collines de l'Ouest (photo JPDes. 2009)

Les temples Zhao Miao se trouvent sur les collines de l’Ouest, non loin de la ville de Pékin. Les collines de l’Ouest (Xi Shan) forment aujourd’hui un parc public très étendu. On peut s'y rendre facilement par la ligne de métro 1, terminus Ouest à Pingguoyuan, et les collines sont toutes proches.

La construction de ce complexe de temples de la « Claire lumière » fut achevée en 1780, sous le règne de l’empereur Qianlong de la dynastie des Qing. L’empereur Qianlong fut un grand bâtisseur de temples dans toute la Chine, également dans les régions tibétaines.

Ce complexe-ci fut toutefois construit à Pékin et devait servir de résidence secondaire au 6ème panchen-lama. Hélas, ce dernier rendit l’âme l'année de l'inauguration du complexe. L’architecture et l’aménagement des temples de la « Claire lumière » ont été inspirés du monastère de Tashilumpo, au Tibet, siège officiel des panchen-lamas. Les dalaï-lamas jouissaient déjà d'une résidence secondaire à la capitale: le monastère de Yonghegong à Pékin, beaucoup plus connu des touristes (le métro s'arrête dessous).

 

Le règne de Qianlong a été particulièrement long : de 1736 à 1795. Il était contemporain des 7ème et 8ème dalaï-lamas, justement deux dalaï-lamas favorables à l’Empereur chinois et à son autorité sur le Tibet. C’est de cette époque que datent les lois que Pékin a promulgué pour le Tibet, entre-autres, celle concernant une partie de la procédure finale de reconnaissance des réincarnations de hauts lamas (système des tulkous).

vue sur Pékin du haut d’une pagode de Zhao Miao (photo JPDes. 2009)
vue sur Pékin du haut d’une pagode de Zhao Miao (photo JPDes. 2009)

Ce complexe religieux a été détruit non pas pendant la Révolution Culturelle chinoise, comme on aurait tendance à le penser « spontanément », mais en deux phases : d'abord en 1860 par les troupes franco-anglaises, puis plus encore en 1900, par une armée composite dans laquelle étaient impliquées huit puissances européennes, dont la Belgique. C'était l'époque où l’Europe voulait mettre la dynastie des Qing à genoux pour obtenir plus de concessions de libre-échange en Chine. Ces destructions massives faisaient partie des « expéditions punitives » contre les « Chinois désobéissants ».

Tout ce à quoi un temple tibétain peut bien servir !