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Sertar, centre d'études bouddhistes entouré d'une étonnante controverse

par Jean-Paul Desimpelaere, le 7 septembre 2009

Le monastère tibétain de Sertar (ou Larung Gar) se situe dans le nord-ouest de la province du Sichuan. Il ne s’agit pas d’un monastère « vénérable »,  puisqu'il n’a été fondé qu’au début des années quatre-vingt, il y a un peu plus de vingt ans, par le lama Khenpo Jigme Phuntsok de l’école Nyingmapa. Une étonnante controverse entoure ce monastère.

 

L’ensemble ne comprend quasi pas de temples, le lieu ayant plutôt été conçu comme un centre de formation au bouddhisme. L’arrivée des élèves, temporaires ou fixes, d’origine tibétaine ou chinoise, s’est faite assez spontanément.


En 1995, environ 3.000 moines et nonnes y séjournaient [1]. Le gouvernement tibétain en exil écrivait en 2002 que le site avait proposé et accueillait 8.000 personnes[2]. L’une de nos connaissances qui est passée par là en 2007 a évalué le nombre de personnes présentes à Sertar à un bon 20.000 moines et nonnes, auxquels s'ajoutaient des personnes séjournant pour une retraite temporaire, la majorité d’entre elles étant originaire de Canton et de Hongkong.


Ce lieu défraye la chronique car les informations nous parvenant à propos de ce centre d'études bouddhiques sont radicalement différentes selon les sources.


Les exilés tibétains prétendent que les autorités chinoises de la province du Sichuan ont tenté de détruire la communauté en 2001[3]. Ils avancent que : "Ce sont d'abord  1.000 bouddhistes chinois qui ont été forcés de quitter les lieux, ensuite 4.000 nonnes. Beijing voulait limiter le nombre de personnes présentes à Sertar à 400. Les maisons ont été systématiquement détruites afin d’éviter que les gens y restent."


TCHRD, l’organisation de défense de droits de l’homme des Tibétains à l’étranger, présente sur son site internet des photos de maisons qui pourraient aussi bien être en état de démolition que de construction. Dans leur rapport sur la liberté du culte en Chine, les services de renseignements de l’ambassade américaine à Beijing  site web de l’ambassade des USA, 2006) parlent de « destruction de 74 habitations illégales ».


Quant au leader de la communauté de Sertar, Khenpo Jigme, il a été transporté à Chengdu pour y bénéficier de soins médicaux pour problèmes cardiaques. TCHRD suggère qu’il a "été incarcéré et qu'il est décédé dans des circonstances peu claires".


Reste évidemment le fait qu’en 2007, le lieu ne comptait pas 400 étudiants, mais environ 20.000 ! sans aucune trace de destruction, en tout cas rien qui ne soit visible. Les autorités locales avaient même fait installer des lignes téléphoniques.

 

[1] Gyurme Dorje, « Tibet Handbook », Footprint, London, 1996. [2] Tibetan Center for Human Rights, site web. [3] ibidem