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Le 5e Forum International sur le développement du Tibet s’est tenu à Lhassa

par Albert Ettinger, le 13 septembre 2016

Au début du mois de juillet s’est tenu à Lhassa le 5e Forum sur le Développement du Tibet. C’est la deuxième fois qu’il a eu lieu au Tibet même.
Plus de 130 chercheurs, experts, responsables politiques, entrepreneurs et correspondants venant de Chine et d’une trentaine de pays étrangers y ont participé et ont apporté leurs points de vue et suggestions.  

 

Parmi eux, il y avait une majorité de scientifiques et de fonctionnaires chinois et tibétains. Mais ont participé aussi des religieux comme le Bouddha vivant Drukhang Tubdain Kaizhub, vice-président de la Conférence Politique Consultative du Peuple Chinois, des entrepreneurs comme Dawa Dondrup ou comme Udrup Wangmo, une simple villageoise fondatrice d’une coopérative de production de semences, le président du « Tibetan Traditional Medicine College » Nyima Tsering, ou encore Phuntsok Tashi, président de l’Association des Chanteurs de Ballades Tibétaines – pour ne nommer que ceux-là.

Les participants étrangers venaient de tous les continents : d’Asie (Népal, Inde, Sri Lanka, Thaïlande, Mongolie, Japon, Singapour, Turquie), d’Europe (Grande-Bretagne, Irlande, France, Allemagne, Luxembourg, Italie, Espagne, Slovénie, Russie, Pologne, Lettonie), des Amériques (États-Unis et Canada ; Mexique, Argentine, Brésil, Équateur), d’Afrique (Égypte, Afrique du Sud, Nigéria) et de Nouvelle-Zélande.

Les discussions, dans les quatre groupes de travail comme dans les deux sessions plénières, portaient sur une nouvelle étape du développement au Tibet. Ce développement sera – comme le précise le consensus fixé dans le document final adopté par le Forum –, un développement innovant, coordonné, vert, durable et inclusif.

J’ai eu le plaisir et l’honneur de participer à ce Forum. Le fait qu’il s’est tenu au Tibet même nous a permis à nous, chercheurs, experts et observateurs étrangers, de visiter Lhassa et ses environs ainsi que la région de Shannan/Lokha. Nous avons ainsi pu voir de nos propres yeux le développement fabuleux et les progrès énormes que Lhassa, cette ancienne ville interdite, et toute la région ont connus. La ville de Lhassa, en 2016, est une métropole moderne, propre, verte et lumineuse. Elle se tourne résolument vers l’avenir tout en gardant le meilleur de ses traditions et en protégeant ses sites historiques.


Dans ma prise de parole lors de la deuxième session plénière du Forum, j’ai comparé l’hospitalité avec laquelle nous avons été accueillis, ainsi que cette nouvelle Lhassa si sympathique et si dynamique, à ce qu'avaient trouvé (et enduré) les rares visiteurs qui avaient réussi à l’atteindre avant 1951.

J’ai choisi l’exemple du Japonais Ekai Kawaguchi qui a dû voyager, bien que moine bouddhiste lui-même, sous une fausse identité, constamment sur ses gardes par peur d’être découvert et sévèrement puni, et craignant de mettre en danger les Tibétains qui l’hébergeaient ou lui prêtaient leur aide.

Ceux qui avaient, un peu auparavant, aidé l’Indien Sarat Chandra Das à voyager jusqu’à Lhassa avaient été sauvagement flagellés ou amputés de leurs membres, emprisonnés et tués. La ville sainte où régnaient les dalaï-lamas était alors un grand village sans tout-à-l’égout, sans eau courante, sans rues goudronnées ou pavées, sans électricité, sans écoles, sans hôpitaux et sans hôtels, où pullulaient les mendiants mutilés ou atteints de maladies atroces et les chiens errants.

Les participants au forum, devant l'hôtel, à Lhassa (photo A.Ettinger, 2016)
Les participants au forum, devant l'hôtel, à Lhassa (photo A.Ettinger, 2016)