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Sabine Trebinjac et les Ouïghours : un réquisitoire antichinois sous vernis scientifique

par André Lacroix, le 23 mars 2021

« Plutôt que de relayer des propagandistes de bas niveau, dont la seule préoccupation est de blanchir le régime de Xi Jinping, puis-je vous suggérer l’article ci-joint (1), écrit par une scientifique vraiment informée et d’essayer d’y répondre au niveau des faits » : voilà ce que m’écrivait un professeur de l’ULB (Université Libre de Bruxelles) en réaction à ma lettre ouverte (2).

L’article en question est fort de 15 pages ; il est intitulé Chine et Ouïgours. Un colonialisme interne civilicide ; il est publié par les éditions de l’EHESS (École des hautes études en sciences sociales) ; son autrice, Sabine Trebinjac est chercheuse au CNRS et chargée de cours à l’Université Nanterre - Paris X. 

 

Avec de telles références, on était en droit d’espérer une étude sérieuse, de niveau universitaire. Las, ce n’est qu’un ramassis de ragots perdus parmi des informations correctes ; des faussaires mis sur le même pied que des chercheurs sérieux.

 

Photo JPM, mai 2012
Photo JPM, mai 2012

 

Des références ahurissantes

Vieux prof retraité de l’enseignement secondaire, j’encourageais mes élèves à réaliser des petits travaux de recherche sur des sujets historiques variés ; je me souviens encore de cette présentation de Spartacus, entièrement recopiée d’un « toutes boîtes » local. Inutile de dire que ma cote a été sévère.

Eh bien, si je devais coter l’élève Sabine T., je serais encore moins indulgent, car quand on est chercheuse au CNRS, la première chose qu’on devrait avoir apprise, c’est la critique des sources. Rien que d’apercevoir le nom d’Adrian Zenz dans la liste des références citées suffirait déjà à jeter le discrédit sur l’article (3). Cette « scientifique » s’appuie aussi (p. 202) sur « un rapport indépendant de l’Australian Strategic Policy Institute (ASPI) », comme si cet institut pouvait pondre des rapports indépendants de ses généreux donateurs que sont le Département d’État des États-Unis ainsi que des entrepreneurs militaires. Indices supplémentaires du caractère tendancieux de l’article : dans la bibliographie, il est fait mention d’un certain Dolkun Kamberi (et non Kamberin, comme mentionné) s’exprimant sur Radio Free Asia qui, comme chacun sait, est aussi financée par le gouvernement des États-Unis, ainsi que d’un certain Leibold James, dont on ne cache même pas qu’il travaille pour la Jamestown Foundation, un think tank conservateur proche de la CIA.

 

Le livre d’Adrian Zenz sur le  « retour du Christ-Roi »  et le  « Jugement dernier »  publié  peu avant que  son auteur  ne devienne  le plus éminent  « spécialiste »  du Xinjiang,  choisi par Dieu  pour détruire  le communisme  en Chine.
Le livre d’Adrian Zenz sur le « retour du Christ-Roi » et le « Jugement dernier » publié peu avant que son auteur ne devienne le plus éminent « spécialiste » du Xinjiang, choisi par Dieu pour détruire le communisme en Chine.

 

Du négationnisme au mensonge

Avec de tels maîtres à penser, on ne s’étonnera pas de constater, dès les deux premières phrases, que nous sommes en présence non d’un article sérieux, mais d’une thèse au service de l’idéologie antichinoise dominante :

Depuis 2017, la région autonome des Ouïgours (4) turcophones du Xinjiang, sise à l’extrême Nord-Ouest de la Chine, est le théâtre d’une répression brutale exercée par le gouvernement chinois sous couvert de lutte contre l’islamisme. Dans cette chronique, je propose d’apporter un éclairage sur cette situation et de poser des jalons pour permettre une meilleure compréhension des conditions historiques qui ont conduit à ce que j’ai choisi d’appeler ici un « colonialisme interne civilicide ».

« Sous couvert de lutte contre l’islamisme » ? De quel droit Mme Trebinjac, comme bien d’autres d’ailleurs (5), se permet-elle de ne voir dans le bien réel terrorisme islamiste ouïghour qu’un prétexte à la répression alors qu’il en est la cause ? Quelle injure pour les centaines de victimes innocentes qui ont péri dans des attentats au Xinjiang et hors Xinjiang ! Et que dire de l’ « oubli » des milliers de combattants ouïghours fanatisés qui sont allés grossir les rangs de Daech ? Pas un mot non plus sur les liens entre le WUC (World Uyghur Congress) et l’extrême droite, y compris les sinistres « Loups gris ». En français, ça s’appelle du négationnisme.

 

Enfants du Parti islamique du Turkistan à Idlib, Syrie, abusés et dressés en vue du djihad
Enfants du Parti islamique du Turkistan à Idlib, Syrie, abusés et dressés en vue du djihad

 

Passons maintenant à l’accusation de «  colonialisme interne », avant d’aborder un peu plus loin l’accusation de « civilicide ».

Par colonialisme interne, il faut entendre une inégalité politique et économique structurelle entre les régions d’un État-nation, comparable au sort réservé, dans le colonialisme proprement dit, aux colonies par rapport à la métropole. On pense ainsi au Pays de Galles et à l’Écosse par rapport à l’Angleterre, au Mezzogiorno par rapport à l’Italie du Nord, à l’Occitanie par rapport à Paris, à l’Ukraine par rapport à la Russie, etc., etc.

 

Le TGV qui relie Ürümqi (Xinjiang) et Lanzou (Gansu) depuis 2014 sur 1700 km (railwaygazette.com)
Le TGV qui relie Ürümqi (Xinjiang) et Lanzou (Gansu) depuis 2014 sur 1700 km (railwaygazette.com)

 

Plutôt que de plaquer cette notion sur le Xinjiang par rapport à Pékin, Mme Trebinjiac aurait été bien inspirée de considérer les faits plutôt que ses préjugés. Car s’il faut parler ici d’inégalité de traitement, c’est dans le sens de « discriminations positives » qui ont permis à cette immense région périphérique de connaître un développement spectaculaire – que personne ne peut contester. Outre les centaines de milliards de yuans investis directement par Pékin, le Xinjiang a pu bénéficier de l’apport de dix-neuf provinces côtières et municipalités, parmi le plus riches du pays, chargées d’apporter une aide financière et technique au développement de la Région autonome. (6) L’objectif, décrété en 2010 et en bonne voie d’être atteint, c’est d’instaurer, au Xinjiang comme partout ailleurs en Chine, une « société modérément prospère », c.-à-d. l’exact opposé de l’inégalité qu’implique la notion de « colonialisme interne ».

Mais que dire alors de l’adjectif « civilicide » ? Le suffixe « cide » implique une espèce de meurtre comme dans « suicide », « homicide », « génocide ». Qu’est-ce que ce néologisme pédant peut donc bien signifier ici : tuer des civils, tuer la civilité ou tuer la civilisation ?

S’il s’agissait de « tuer des civils », alors on devrait parler de « génocide » ; mais ce type d’accusation est absurde, la population ouïghoure  étant passée, entre 1949 et 2004, de 3,291 millions à 8,976 millions (7) et, entre 2010 et 2018, de 10,171 millions à 12,718 millions (8). Sabine Trebinjac note d’ailleurs que, selon le démographe Li Xiaoxia, « dans le Sud du Xinjiang, le nombre d’enfants par femme était plutôt de cinq, voire six » (p. 198), (ce qui ne l’empêche pas, dix lignes plus haut, de parler de « mesures coercitives pouvant aller jusqu’à (…) l’élimination ») !?

S’agirait-il alors de « tuer la civilité », c’est-à-dire désapprendre aux gens à bien se comporter en société, les encourager à se montrer impolis, à jouer des coudes dans les transports en commun, à jeter leurs détritus un peu partout, à cracher en rue ? C’est absurde … ou bien s’agirait-il, en référence à l’état civil selon un emploi du mot « civilité », condamné par l’Académie française, de supprimer sur les papiers d’identité la mention « Homme ou Femme » ? Absurde également.

Ne reste qu’une possibilité : « civilicide » doit bien vouloir dire ici, dans la tête de Mme Trebinjac, « tuer la civilisation », c.-à-d., comme confirmé p. 200, une variante de l’accusation de « génocide culturel » dont le dalaï-lama a fait jadis son fonds de commerce, un fonds qui s’est considérablement dévalué au fur et à mesure de la publication de témoignages crédibles et d’analyses sérieuses, sans compter l’arrêt du 17 décembre 2020 de la CEDH (Cour européenne des droits de l’homme) qui a déclaré définitivement irrecevables les plaintes formulées par les nostalgiques de l’Ancien Régime théocratique tibétain (9) : cela donne à penser que, comme la baudruche tibétaine, la baudruche ouïghoure finira pas se dégonfler un jour ou l’autre.

 

Un réquisitoire indigent

La fiche signalétique de Sabine Trebinjac nous apprend qu’elle « est à la fois ethnologue, historienne, sociologue de la musique et sinologue » : excusez du peu ; comme si ça ne suffisait pas, elle invoque, à la p. 192, l’autorité de Valentina Vapnarsky, une ethnologue spécialiste des … Mayas, pour parler d’un « lavage de langue » auquel les pauvres Ouïghours seraient soumis : c’est vraiment du n’importe quoi.

Le reste est à l’avenant. Comment une universitaire peut-elle docilement relayer des accusations aussi peu crédibles que l’obligation de consommer du porc et de l’alcool, l’interdiction de porter le voile islamique ou la barbe, l’interdiction de la langue ouïghoure et l’autodafé de livres (pp. 193 et 201), des avortements forcés ou des stérilisations (p. 192) et même − sur les « aveux » d’Enver Tohti, un criminel menteur (10) − un commerce d’organes halal au profit de riches acheteurs du Golfe (p. 203) ? Autant de ragots de café du commerce, indignes d’une publication à prétentions scientifiques ; des ragots démentis point par point par des chercheurs non alignés (voir, notamment, d'autres articles sur le site).

 

Jeunes Ouïghours en classe d’étude du Coran
Jeunes Ouïghours en classe d’étude du Coran

 

Des verres déformants et salissants

Selon Mme Trebinjac, « le sombre destin des Ouïgours de Chine s’est scellé il y a maintenant 75 ans, en 1955, lorsque la République de Chine a officiellement institué la ‘la Région autonome des Ouïgours du Xinjiang’, pour mettre un terme aux troubles violents motivés par des velléités indépendantistes et sécessionnistes qui avaient éclaté dans la région » (pp.193-194). On croit rêver : fallait-il que Pékin laisse se perpétuer les troubles violents pour que les Ouïghours connaissent un destin moins sombre ? Les troubles violents seraient-ils pour Mme Trebinjac synonymes d’avenir radieux ? Ça rappelle les jérémiades de certains exilés tibétains sur l’ « invasion chinoise » qui aurait empêché le dalaï-lama d’instaurer la démocratie… Remarquons en passant que, même dans cette « analyse » hallucinante, on trouve l’aveu qu’il s’agit bien de velléités indépendantistes et sécessionnistes – comme dans la RAT (Région autonome du Tibet), fussent-elles camouflées sous l’appellation équivoque d’ « autonomie poussée ».

Quand on lit avec attention le texte de Mme Trebinjac, on trouve ici et là des passages qui, comme autant d’actes manqués du langage corporel, contredisent le message que l’on tente de faire passer. Ainsi, par exemple, p. 194, notre autrice rappelle que, selon Mao, la population chinoise était composée à 94 % de Hans ; or aujourd’hui, la proportion n’est plus que de 92 %, voire même  91,6 % (d’après le CIA Factbook) : cela démontre que la politique démographique de Pékin en faveur de ses minorités (Ouïghours et Tibétains compris) est le contraire même d’une politique génocidaire, comme le dalaï-lama et ses adeptes ont essayé de le faire croire, en inventant de toutes pièces le chiffre complètement faux d’1.200.000 morts (11).

Comme le dit Robert Barnett (qu’on ne peut accuser de complaisance envers la Chine) « il faut en finir avec l'idée que les Chinois sont mal intentionnés » (12).  Il disait ça à propos du Tibet ; mais ça vaut aussi pour le Xinjiang.

Si Mme Trebinjac avait suivi ce conseil, elle aurait dû porter sur la politique urbanistique mise en œuvre au Xinjiang un jugement moins partial : elle parle avec mépris de « maisons Lego » (p. 199), alors qu’il s’agit de réhabilitation de logements à loyer modéré et de construction d’habitations selon des normes antisismiques, pour lesquelles Pékin a alloué 1,1 milliard de $... (13)

Le problème de l’eau dans certaines zones du Xinjiang est un problème réel, mais pourquoi est-il abordé par notre « spécialiste » avec une telle légèreté ? Selon elle, la solution « consista à supprimer les terres agricoles pour les transformer en zone industrielles » (p. 196), mais, à la page suivante, on apprend que les terres « ont été mises en vente pour y développer l’agriculture, planter des vergers, pour y laisser paître le bétail, pour installer une usine, un commerce ou des constructions. »

À propos du formidable élan de solidarité auquel ont participé « 2378 jeunes Ouïgours (…) envoyés en Chine intérieure pour y suppléer les ouvriers malades du coronavirus » (p. 202) ainsi qu’au sujet « des femmes ouïgoures (…) envoyées dans les hôpitaux de Wuhan afin d’enseigner aux malades atteints par la Covid-19 des danses traditionnelles censées soulager leurs douleurs » (p. 202), cela est qualifié par Mme Trebinjac … d’ « atrocités » ! Nul doute, pourtant, que ces hommes et ces femmes, comme des dizaines de milliers d’autres, soient revenus à la maison, avec la fierté d’avoir aidé leurs concitoyens (14).

Quant aux enfants ouïghours orphelins adoptés par une famille han (p. 193), il va de soi pour Mme Trebinjac qu’il ne peut s’agir que d’odieuses manœuvres, les Han étant, par essence, incapables de sentiments humains… Sans doute était-ce aussi par calcul vicieux que des couples han avaient adopté de nombreux petits Tibétains dont les parents avaient péri dans le terrible tremblement de terre du 12 mai 2008 au Sichuan ?

 

Photo JPM, mai 2012
Photo JPM, mai 2012

 

Par je ne sais quel obscurcissement mental, Mme Trebinjac semble incapable de penser que les Chinois han pourraient être autre chose que des êtres malfaisants, incapables de traiter dignement les différentes ethnies qui constituent avec eux l’État-nation chinois. Mme Trebinjac pourrait-elle fournir un seul exemple d’État multiculturel, que ce soit en Asie, en Europe, en Afrique, en Amérique du Nord, en Amérique du Sud ou en Océanie, qui traite beaucoup mieux ses minorités ethniques que la Chine ?

D’où tire-t-elle ce scoop selon lequel « les femmes ouïgoures dont le conjoint a été arrêté sont sommées d’accueillir un homme han pour prendre sa place jusque dans le lit conjugal » ?  Ah ! si le dalaï-lama avait pu l’avoir comme propagandiste dans sa campagne pour préserver les « entités génétiques » et « garder pure la race tibétaine » (15)…

Plutôt que de s’aventurer sur des terrains qu’elle maitrise si mal, Sabine Trebinjac ne ferait-elle pas mieux de se concentrer sur la musicologie ? Ça lui éviterait de tenir des propos ineptes comme de parler de Ouïghours … « esclavagisés » (p. 203). Est-ce au nom de la liberté académique qu’on peut se permettre de tels excès de langage ? Comment l’EHESS a-t-elle pu donner son imprimatur à un texte aussi contestable ? La doxa dominante antichinoise serait-elle assez puissante pour contraindre le monde universitaire à bêler comme le reste du troupeau ? Comment ne s’est-il pas encore trouvé, à ma connaissance, un(e) universitaire courageux ou courageuse pour rappeler à Mme Trebinjac les règles les plus élémentaires de la critique historique ? S’agirait-il alors, surtout dans le chef de jeunes collègues, d’une peur de détonner, de heurter leurs pairs ou leurs supérieurs, doublée d’une peur de manquer une promotion, voire de perdre leur emploi ?

Sabine T. prétend « apporter un éclairage » et « poser des jalons pour permettre une meilleure compréhension ». C’est raté.

 

Notes :

(1) https://www.cairn.info/revue-l-homme-2020-3-page-191.htm.

(2) http://tibetdoc.org/index.php/politique/ouighours-et-tibetains/601-lettre-ouverte-a-paul-magnette-president-du-ps-et-bourgmestre-de-charleroi-a-propos-des-ouighours.

(3) Voir https://www.investigaction.net/fr/infox-au-moyen-dun-expert-de-la-chine-douteux/ et https://histoireetsociete.com/2020/07/03/un-mensonge-la-chine-detient-des-millions-doighours-par-ajit-singh-et-max-blumenthal/.

(4) Dans les citations du texte de Mme Trebinjac, j’ai laissé la graphie Ouïgour bien que la graphie Ouïghour soit plus répandue.

(5) Voir, par exemple, Ursula Gauthier, niant en 2015 le caractère terroriste d’un pogrom de mineurs Han au Xinjiang, Sylvie Lasserre, parlant sur France Inter de « présumés terroristes » (08/10/2020) ou Vanessa Frangville, parlant de « terrorisme anecdotique » (04/08/2020)…

(6) Voir Alain Cariou, Xinjiang : une nouvelle politique de développement pour une société durable ? in « Outre-Terre » ; 2016/3 (n° 48), p. 307.

(7) d’après Rémi Castets, Entre colonisation et développement du Grand Ouest : impact des stratégies de contrôle démographique et économique au Xinjiang, in « Outre-Terre », 2006/3 (n° 16), p. 261.

(8) Selon les chiffres de l’Université du Xinjiang, voir https://www.fmprc.gov.cn/mfa_eng/wjbxw/t1846454.shtml.

(9) Voir http://tibetdoc.org/index.php/politique/ouighours-et-tibetains/617-tibetains-degoutes-tibetains-deboutes-le-vent-tourne-mais-quid-des-ouighours.

(10) Voir Maxime Vivas, Ouïghours – Pour en finir avec les fake news, éd. Les Routes de la Soie, déc. 2020, pp. 78-79.

(11) Voir André Lacroix, Dharamsalades. Les masques tombent, éd. Amalthée, 2019, pp. 17-20.

(12) in Seven Questions: What Tibetans Want, site “Foreign Policy”, mars 2008.

(13) d’après Shane Quinn, https://popularresistance.org/beijings-decades-long-policies-in-xinjiang/ (13/03/2021).

(14) Voir https://www.youtube.com/watch?v=7nNd-3Q0_OU ; https://actu.orange.fr/societe/videos/chine-un-spectacle-lumineux-avec-des-drones-pour-remercier-les-soignants-CNT000001pyBMT.html#plmAnchor

(15) Voir Dharamsalades, p. 21.