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L’aide économique au Tibet

par Jean-Paul Desimpelaere, le 19 décembre 2008

Avant les années quatre-vingt, le soutien de l’État chinois à la RAT consistait surtout en une aide alimentaire directe, ainsi qu’en construction de routes et d’écoles et en soins médicaux. Depuis les années quatre-vingt, ces aides se sont transformées en investissements durables, ce qui a permis à la production céréalière d’atteindre un kg par jour et par personne (soit cinq fois plus que ce que recevait les serfs dans l’ancien Tibet).


En 1995, le PNB par habitant était encore à peine de 325 euros par an, alors qu’en 2006 il avait grimpé à 1000 euros par an. Pour cette même année, le revenu total du gouvernement de la RAT était de 150 millions d’euros, alors que ses dépenses étaient plus de dix fois supérieures et atteignaient même les 2000 millions d’euros.

Ces recettes minimes par rapport aux dépenses s’expliquent principalement par l’exemption de toute taxe auprès des agriculteurs et des éleveurs. L’état central compense les déficits de la RAT en augmentant de 90% le montant qui lui est accordé annuellement.

Je ne peux m’empêcher de faire remarquer ici que lorsque le gouvernement central chinois offre au Tibet une aide au développement, les groupes qui, en Occident, soutiennent le « Tibet Libre » parlent de « colonisation culturelle et économique ». Mais supposons que le gouvernement chinois laisse dépérir le Tibet ou le laisse stagner dans un sous-développement, ces mêmes groupes de défense du « Tibet libre » auraient vite fait d’en attribuer la faute à une « négligence coloniale ».


Depuis que le Tibet a acquis le statut de « Région Autonome » en 1965, le gouvernement central chinois compense chaque année les déficits budgétaires de la RAT. Les statistiques indiquent que le montant total des subsides qui ont été accordés à la RAT en 40 ans s’élève à près de 10 milliards d’euros. Ce qui n’est pas énorme en comparaison avec le budget de la Belgique qui est de presque 100 milliards d’euros… par année ! Durant les trente premières années (c’est-à-dire de 65 à 95), le gouvernement chinois n’a versé à la RAT que quelques dizaines de millions d’euros par an. Ce n’est qu’à partir de 1999 que les subsides accordés par le gouvernement national ont avoisiné un milliard d’euros par an.

Une petite école de campagne
Une petite école de campagne "subsidiée", avec des ordis flamboyants neufs. Arrêt ’spontané’ (je le jure) en 2005 au nord du Tibet. (photo jpd).

Cependant, le montant total de 10 milliards en 40 ans n’est qu’une partie de l’aide reçue ; il s’agit uniquement de l’argent sorti directement des Caisses de l’État A côté de cela, il faut tenir compte de la construction des routes reliant entre elles les grandes villes, et d’autres travaux d’infrastructure qui ont financés directement par le gouvernement national. Plus récemment, on peut citer des projets plus particuliers réalisés par les différents départements du gouvernement national, par exemple, les travaux du chemin de fer Qinghai-Tibet, ou des grands travaux hydro-électriques, ou la mise en œuvre de diverses stratégies de lutte contre la désertification du Haut Plateau, etc.

Par ailleurs, il y a encore de nombreux projets de développement de la RAT financés par d’autres provinces chinoises, et donc pas par l’État central. Rassembler tous ces chiffres est une tâche quasi impossible : il existe des statistiques de sources diverses et de différentes instances gouvernementales, et simplement additionner tous ces chiffres ne refléterait pas la réalité.


Toujours est-il que le Président Hu Jintao a déclaré récemment que, dorénavant, les subsides alloués à la RAT seraient en priorité dirigés vers des projets agricoles et iraient moins au développement des villes. Dès lors, le gouvernement de la RAT a demandé d’augmenter le budget de 2009 de 1,5 milliards d’euros, c’est-à-dire de le doubler par rapport à celui de 2008. Ce supplément se répartira d’une part en primes aux logements et à la rénovation, et d’autre part, il ira à l’enseignement, aux sciences, à la médecine, à la sécurité alimentaire et à l’écologie du Haut Plateau .

Note: source : Tibet Statistical Yearbook 2008+ CTIC