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L'imprimerie de Derge

par Jean-Paul Desimpelaere, le 10 juin 2010


Derge se situe à 3000 m d’altitude, sur la frontière entre le Sichuan et le Tibet, le long du cours supérieur du Yangze. Les deux rives de la rivière galopante sont occupées par les chercheurs d’or tibétains filtrant l’eau boueuse avec attention. Mais la ville est surtout réputée pour son imprimerie.

 

Aucune page publicitaire n'est imprimée à Derge, mais des sutras bouddhistes multipliés artisanalement par centaine de milliers. L’imprimerie de Derge date de 1729, elle a été construite sous la dynastie des Qing. Elle approvisionne encore tous les grands points de vente de sutras, au Tibet et même quelques-uns à l’étranger.


On nous fait croire ici que les Chinois ont détruit toute la culture tibétaine pendant la Révolution Culturelle.

Pourtant, à Derge, les Gardes Rouges ont sans doute fait demi tour, car le monastère de Dzongsar lié à l'imprimerie compte encore plus ou moins 100.000 anciennes copies de classiques tibétains et des sutras bouddhistes, parfois des exemplaires uniques, par certaines. Les Traités de médecine traditionnelle tibétaine et les « Quatre Tantras médicaux » se trouvent aussi dans le monastère de Dzongsar. En 1989, l’État a octroyé un budget spécialement destiné à rénover et à agrandir l’imprimerie.


A l'arrière du monastère, dans une petite maison de style tibétain, on peut consulter un vieux médecin tibétain, Lhore Phuntsog.

Sur sa table de travail, un petit bol de tsampa mélangé à un peu d’eau, est posé à côté de son PC portable : au Tibet, la modernité rejoint la tradition. Un examen des urines, la prise du pouls, l’observation de la langue et un questionnaire précis guident le diagnostic. L’examen clinique se passe de la même manière qu’en médecine chinoise.

Celle-ci fit son entrée au Tibet au 7ème siècle, grâce à la  princesse Wencheng des Tang qui fut la seconde épouse du roi Tsongtsen Gampo, premier roi des Tubo.


Lore Phuntsog n’est pas moine, mais en raison de ses connaissances, il a été choisi comme directeur administratif du monastère de Dzongsar et comme président de l’université bouddhiste locale. Au monastère, il a sa propre petite entreprise de plantes médicinales.

La région au Sud de Derge, le long du Jinshajiang (dans le cours supérieur du Yangze), est réputée pour son abondante biodiversité.

 Extrait des « Quatre Tantras de la Médecine tibétaine », du « Tibet Museum » de Lhassa (2001)
Extrait des « Quatre Tantras de la Médecine tibétaine », du « Tibet Museum » de Lhassa (2001)